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HOMÉLIE X.


SOYEZ UN SEUL CORPS ET UN SEUL ESPRIT COMME VOUS AVEZ ÉTÉ APPELÉS A UNE SEULE ESPÉRANCE DANS VOTRE VOCATION. (IV, 4)

Analyse.


  • 1. Sur l’unité de l’Église.
  • 2 et 3. Tableau pathétique de ses maux actuels : exhortation à la pénitence.

1. Lorsque le bienheureux Paul arrive à une exhortation d’importance majeure, cet homme si sage, si favorisé des dons de l’Esprit, prend son point de départ dans les cieux, fidèle en cela aux leçons données par le Seigneur. C’est ainsi qu’il dit dans un autre endroit : « Marchez dans l’amour comme le Christ nous a aimés et s’est livré lui-même pour nous » (Eph. 5,2) ; et ailleurs encore : « Ayez en vous les sentiments qu’avait en lui le Christ Jésus, qui, étant dans la forme de Dieu, n’a pas cru que ce fût une usurpation de se faire égal à Dieu ». (Phi. 2,5-6) Il fait la même chose ici. Devant les grands exemples exposés à sa vue, son zèle, son ardeur redoublent. Que dit-il, pour nous exhorter à l’unité ? « Soyez un seul corps et un seul esprit, comme vous avez été appelés à une seule espérance dans votre vocation. Il y a un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême ». Qu’est-ce que ce corps unique ? Les fidèles du monde entier, ceux qui le sont devenus, ceux qui le deviendront. De même pour ceux qui ont été agréés, même avait la venue du Christ. Comment cela ? parce qu’ils connaissaient, eux aussi, le Christ. En voici la preuve : « Abraham, votre père, a tressailli pour voir mon jour ; il a vu et il s’est réjoui ». (Jn. 8,56) Et encore : « Si vous croyiez à Moïse, vous croiriez sans doute à moi aussi, parce que c’est de moi qu’il a écrit » (Id. 5,39) ; et les prophètes pareillement. Ils n’auraient pas écrit de lui, sans savoir ce qu’ils disaient : ils le connaissaient, partout ils l’adoraient. Ceux-ci donc aussi forment un seul corps. Le corps n’est point séparé de l’esprit, sans quoi ce ne serait pas un corps. Pareillement, nous avons coutume de dire en parlant des choses qui forment une unité, un enchaînement parfait : C’est un seul corps. C’est ainsi que dans l’union nous ne formons qu’un corps pour une tête. S’il n’y a qu’un corps, qu’une tête, le corps est composé de membres nobles et d’autres qui ne le sont pas. Ce n’est pas à dire que le meilleur essaie d’opprimer le moindre, ni que le moindre porte envie au meilleur. D’ailleurs tout ne contribue point pour une part égale, mais seulement à proportion de la nécessité. Et parce que tout est nécessaire et sert à divers usages, tout est égal en dignité. Néanmoins l’importance varie : ainsi la tête domine tout le corps, attendu qu’en elle est le siège de toutes les sensations et du gouvernement de l’âme : sans tête on ne peut vivre : au contraire bien des hommes ont vécu longtemps après qu’on leur avait coupé les pieds. Ce n’est donc pas seulement par sa position que la tête est supérieure, c’est encore par ses fonctions et son rôle.

Où veux-je en venir ? Il y a dans l’Église bon nombre d’hommes qui s’élèvent en haut comme la tête, et contemplent les choses célestes comme les yeux de la tête, qu’un vaste intervalle sépare de la terre, qui n’ont rien de commun avec elle : d’autres jouent le rôle des pieds, de pieds saints toutefois, et foulent le sol. Ce qui est honteux pour les pieds, ce n’est