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HOMÉLIE XV.


OR, NOUS SAVONS QUE TOUT COOPÈRE AU BIEN POUR CEUX QUI AIMENT DIEU. (VIII, 28, JUSQU’À LA FIN DU CHAPITRE)

Analyse.

  • 1. Tout, sans aucune exception, et les afflictions même de la vie, et le retard même de la vocation, contribue au bien de ceux qui aiment Dieu et qui sont appelés à être saints ?
  • 2. Si Dieu est pour nous qu’est-ce que les hommes pourront contre nous ? – Et que nous refusera Dieu qui nous a donné son Fils ?
  • 3. Comment saint Paul, après avoir énuméré les preuves d’amour que Dieu nous a données, se laisse aller à ce mouvement sublime : qui donc nous séparera de la charité de Jésus-Christ ? – Que l’élection est un signe de vertu.
  • 4. Que nous pouvons mourir tous les jours et gagner autant de couronnes.
  • 5. Amour de l’apôtre saint Paul pour Notre-Seigneur Jésus-Christ.
  • 6. L’orateur condamne l’amour des choses de la terre, il fait parler Notre-Seigneur qui nous exhorte à la pratique de l’aumône.


1. Il me semble que tout ce passage est destiné à ceux qui sont dans les dangers ; et non seulement ce passage, mais encore ceux qu’on a lus un peu plus haut. En effet cette phrase : « Les souffrances du temps présent n’ont point de proportion avec la gloire future qui sera révélée » ; et celle-ci : « Toutes les créatures gémissent » ; puis : « C’est en espérance que nous avons été sauvés » ; et encore : « Nous attendons par la patience » ; et enfin : « Nous ne savons ce que nous devons demander, dans la prière a : tous ces textes, dis-je, semblent aller à la même adresse. Paul leur apprend en effet que ce n’est point ce qu’ils jugent utile qui l’est réellement et qu’ils doivent toujours choisir, mais bien ce que l’Esprit leur inspire. Car beaucoup de choses qui leur paraissent avantageuses, leur sont quelques fois très nuisibles. Le repos, par exemple, l’éloignement du danger, la sécurité de la vie, leur semblaient des avantages. Et comment s’étonner qu’ils jugeassent ainsi, quand le bienheureux Paul lui-même partageait cette opinion ? Et cependant il apprit plus tard que la situation contraire est celle qui procure les vrais avantages, et dès qu’il le sut, il s’y attacha. Ainsi, lui qui avait trois fois prié le Seigneur de le délivrer des périls, lui ayant entendu dire : « Ma grâce te suffit ; car ma puissance se montre tout entière dans la faiblesse », triomphait de joie plus tard quand il était persécuté, injurié, accablé de maux intolérables. « Je me complais », disait-il, « dans les persécutions, dans les outrages, dans les nécessités ». (2Cor. 12,9-10) C’est pour cela qu’il disait : « Nous ne savons ce que nous devons demander dans la prière », et il les exhortait tous à s’en remettre là-dessus à l’Esprit. Car l’Esprit-Saint a grand soin de nous, et c’est le bon plaisir de Dieu.
A ces continuelles exhortations, il ajoute ce que nous venons de dire : un raisonnement propre à leur rendre le courage. « Nous savons », dit-il, « que tout coopère au bien pour ceux qui aiment Dieu ». Or, ce mot : « Tout » renferme aussi les choses pénibles. Que ce soit l’affliction qui survienne, ou la pauvreté, ou la prison, ou la faim, ou la mort, ou toute autre chose, Dieu peut tourner tout cela en sens contraire, puisque son infinie puissance sait nous alléger et changer en moyen de salut tout ce qui nous semble pénible. Aussi l’apôtre ne dit-il, point : l’adversité n’atteint pas ceux qui aiment Dieu, mais : « Coopère au bien » ; c’est-à-dire, Dieu fait tourner les périls à la gloire de ceux à qui on tend des embûches ; ce qui est bien plus que d’écarter le danger, ou d’en délivrer quand il