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HOMÉLIE III.


PUISQU’ON Y DÉCOUVRE LA JUSTICE DE DIEU ÉCLATANT DU CIEL CONTRE TOUTE L’IMPIÉTÉ, ET L’INJUSTICE DE CES HOMMES QUI RETIENNENT LA VÉRITÉ DANS L’INJUSTICE. (18 JUSQU’À 25)

Analyse.

  • 1. La colère de Dieu se montre dès cette vie même pour châtier les péchés soit des particuliers, soit des peuples, mais au dernier jour cette colère éclatera plus manifestement, et d’une manière plus terrible.
  • 2. Les philosophes, instruits par le spectacle de la création, ont connu le Dieu créateur.
  • 3. Les philosophes ont rendu aux idoles ce qu’ils devaient rendre à Dieu.
  • 4. Dieu, pour les punir, les â laissés s’enfoncer dans les vices les plus abominables.


1. Voyez la prudence de Paul ; comment, après avoir traité des questions agréables, il passe ensuite à des sujets plus terribles. Après avoir dit que l’Évangile est le principe du salut et de la vie, qu’il est la vertu de Dieu, qu’il a opéré le salut et la justice, il énonce ensuite des vérités capables d’épouvanter ceux qui ne le pratiquent point. Et comme la plupart des hommes sont plutôt poussés à la vertu par la crainte du mal, qu’ils n’y sont attirés par la promesse du bien, l’apôtre emploie ici l’un et l’autre motifs. C’est pourquoi Dieu a non seulement promis le royaume, mais aussi menacé de l’enfer ; et les prophètes en usaient de même avec les Juifs, entremêlant toujours dans leurs discours la crainte des maux et la promesse des biens. Paul varie ainsi son sujet, mais non au hasard ; il commence par les choses agréables, puis passe aux choses tristes, en montrant que les premières sont l’effet de la volonté divine et les autres le résultat de la malice humaine. Le prophète avait procédé de cette façon : « Si vous le voulez et que vous m’écoutiez, vous mangerez les biens de la terre ; si vous refusez et que vous ne m’écoutiez pas, le glaive vous dévorera ». (Is. 19,20) Paul débute ici de la même manière. Voyez en effet. Le Christ, dit-il, est venu apporter le pardon, la justice, la vie ; et non sans peine, mais par la croix ; et le plus étonnant n’est pas qu’il ait fait de tels dons, mais qu’il ait souffert de tels supplices. Si donc vous méprisez ces dons, un triste sort vous est réservé. Et voyez comme il élève le ton. « Puisqu’on y découvre », dit-il, « la colère de Dieu éclatant du ciel ». Et comment le voit-on ? Si c’est un fidèle qui fait cette question, nous lui répondrons par les paroles mêmes du Christ ; si c’est un infidèle ou un grec, Paul va lui fermer la bouche par ce qui suit, où il traite des jugements de Dieu, et tire de leur conduite un argument irréfragable : chose on ne peut plus étonnante, puisqu’il prétend apporter en preuves de la vérité ce qu’en disent et font tous les jours les adversaires mêmes de la vérité. Mais nous verrons cela plus tard ; en attendant attachons-nous à notre sujet.
« Puisqu’on y découvre la colère de Dieu a éclatant du ciel ». Mais, dira-t-on, cela arrive souvent même dès cette vie, parla faim, par la peste, par la guerre : car en général comme en particulier, tous sont punis. Qu’y a-t-il donc là d’extraordinaire ? C’est que le supplice futur sera plus grand, qu’il sera commun et n’aura pas le même but ; car ici-bas, il sert à corriger, là il ne servira qu’à punir. C’est ce que Paul indique ailleurs par ces mots. « Nous sommes repris maintenant, afin que nous ne soyons pas condamnés avec ce monde ». (1Cor 11,32) Ici-bas même, beaucoup pensent que ces accidents proviennent de la