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BAL
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tit autrefois avec Vichnou, qui le précipita dans l’abîme, d’où il sort une fois par an pour faire du mal aux hommes ; mais Vichnou y met ordre.

Les Indiens donnent aussi le nom de Bali aux farfadets, à qui ils offrent du riz, que ces lutins ne manquent pas de venir manger la nuit.

Balkis ou Belkis, reine de Saba, qui vint honorer Salomon. On trouve son histoire dans les Légendes de l’Ancien Testament.

Balles. On a cru autrefois que certains guerriers avaient un charme contre les balles, parce qu’on tirait sur eux sans les atteindre. Pour les tuer, on mettait dans les cartouches des pièces d’argent, car rien, dit-on, ne peut ensorceler la monnaie.

Balsamo. Voy. Cagliostro.

Baltazo, l’un des démons de la possession de Laon. Voy. Aubry. On conte qu’un chenapan, se faisant passer pour le démon, alla souper dans la maison de Nicole Aubry, la possédée, sous prétexte de combiner sa délivrance, qu’il n’opéra pas. On remarqua en soupant qu’il buvait très-sec ; ce qui prouve, dit Leloyer, que l’eau est contraire aux démons[1].

Balthazar, dernier roi de Babylone, petit-fils de Nabuchodonosor. Un soir qu’il profanait dans ses orgies les vases sacrés de Jérusalem, il aperçut une main qui traçait sur la muraille, en lettres de feu, ces trois mots : Mane, thecel, phares. Ses devins et ses astrologues ne purent expliquer ces caractères ni en interpréter le sens. Il promit de grandes récompenses à qui lui en donnerait l’interprétation. Ce fut Daniel qui, méprisant ses récompenses, lui apprit que les trois mots signifiaient que ses années étaient comptées, qu’il n’avait plus que quelques moments à vivre, et que son royaume allait être divisé. Tout se vérifia peu d’instants après.

Baltus (Jean-François), savant jésuite, mort en 1743. Réponses à l’Histoire des oracles de Fontenelle, in — 8°, Strasbourg, 1709, où il établit solidement que les oracles des anciens étaient l’ouvrage du démon, et qu’ils furent réduits au silence lors de la mission de Notre-Seigneur Jésus-Christ sur la terre.

Bamétrie, sorcière qui fut accusée en 1566 d’avoir ensorcelé les orphelins d’Amsterdam. Voy. Orphelinats.

Banians, Indiens idolâtres, répandus surtout dans le Mogol. Ils reconnaissent un Dieu créateur ; mais ils adorent le diable, qui est chargé, disent-ils, de gouverner le monde. Ils le représentent sous une horrible figure. Le prêtre de ce culte marque au front d’un signe jaune ceux qui ont adoré le diable, qui dès lors les reconnaît et n’est plus si porté à leur faire du mal[2].

Banshée, fée blanche chez les Irlandais. Elle a une robe blanche et une chevelure d’argent. Attachée à plusieurs familles : les Kearney, les Butter, les Keatin, les Trant, les Rices, elle vient

Banshée, fée blanche
Banshée, fée blanche


pleurer et battre des mains sous leurs fenêtres lorsqu’un membre de ces familles doit mourir. Voy. Femmes blanches.

Baptême. Dans le nord de l’Angleterre, lorsqu’on présente à la fois plusieurs enfants pour recevoir le baptême anglican, on veille attentivement à ce que les filles ne passent pas avant les garçons. On croit que les garçons baptisés après les filles n’ont point de barbe. — Les sorcières, dans leurs cérémonies abominables, baptisent au sabbat des crapauds et de petits enfants. Les crapauds sont habillés de velours rouge, les petits enfants de velours noir. Pour cette opération infernale, le diable urine dans un trou ; on prend de cette déjection avec un goupillon noir, on en jette sur la tête de l’enfant ou du crapaud, en faisant des signes de croix à rebours avec la main gauche, et disant : In nomine Patrica, Matrica, araguaco Petrica agora, agora Valentia ; ce qui veut dire : « Au nom de Patrique, de Matrique, Pétrique d’Aragon, à cette heure, à cette heure, Valentia. » Cette stupide impiété s’appelle le baptême du diable. Le diable, ou celui qui le représente au sabbat, rebaptise aussi, avec du soufre, du sel et de l’urine, les adultes des deux sexes qui se font recevoir à ses assemblées.

Baptême de la Ligne. Lorsqu’on traverse la Ligne, les matelots font subir aux personnes qui la passent pour la première fois une cérémonie qu’ils appellent le baptême de la Ligne. Ce baptême consiste en une aspersion plus ou moins désagréable, dont on évite souvent les ennuis par une générosité. Les personnages qui font la plaisanterie se travestissent ; le Père la Ligne ar-

  1. Disc. et hist. des spectres, liv. III, ch. X.
  2. Histoire de la religion des Banians, tirée de leur livre Shaster, etc., traduit de l’anglais. Paris, 1667, in-42.