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des merveilles et qui fut vaincue, brûlée et coulée bas.

Henri VII, roi d’Angleterre, demandait à un astrologue s’il savait où il passerait les fêtes de Woël. L’astrologue répondit qu’il n’en savait rien. — « Je suis donc plus habile que toi, répondit le roi, car je sais que tu les passeras dans la Tour de Londres. » Il l’y fit conduire en même temps. Il est vrai que c’était une mauvaise raison.

Un astrologue regardant au visage Jean Galéas, duc de Milan, lui dit : — « Seigneur, arrangez vos affaires, car vous ne pouvez vivre longtemps. — Comment le sais-tu ? lui demanda le duc. — Par la connaissance des astres. — Et toi, combien dois-tu vivre ? — Ma planète me promet une longue vie. — Oh bien ! tu vas voir qu’il ne faut pas se fier aux planètes ; » et il le fit pendre sur-le-champ.

Astronomancie, divination par les astres. C’est la même chose que l’astrologie.

Astyle, devin fameux dans l’histoire des Centaures. On trouvé dans Plutarque un autre devin nommé Astyphile. Voy. Cimon.

Asuman, l’ange de la mort, chez les Mages.

Asweith. Voy. Asmund.

Até, fille de la Discorde, divinité funeste dans la mythologie grecque.

Athénagore, philosophe platonicien, qui embrassa le christianisme au deuxième siècle. On peut lire son Traité de la résurrection dès morts, traduit du grec en français par Gaussart, prieur de Sainte-Foy, Paris, 1574, et par Duferrier, Bordeaux, 1577, in-8o.

Athénaïs, sibylle d’Érythrée. Elle prophétisait du temps d’Alexandre.

Athénodore, philosophe stoïcien du siècle d’Auguste. On conte qu’il y avait à Athènes une fort belle maison où personne n’osait demeurer, à cause d’un spectre qui s’y montrait la nuit. Athénodore, étant arrivé dans cette ville, ne s’effraya point de ce qu’on disait de la maison décriée, et l’acheta.

La première nuit qu’il y passa, étant occupé a écrire, il entendit tout à coup un bruit de chaînes, et il aperçut un vieillard hideux, chargé de fers, qui s’approchait de lui à pas lents. Il continua d’écrire, Le spectre l’appelant du doigt, lui fit signe de le suivre. Athénodore répondit à l’esprit, par un autre signe, qu’il le priait d’attendre, et continua son travail ; mais le spectre lit retentir ses chaînes à ses oreilles, et l’obséda tellement, que le philosophe, fatigué, se détermina a voir l’aventure. Il marcha avec le fantôme, qui disparut dans un coin de la cour, Athénodore étonné arracha une poignée de gazon pour reconnaître le lieu, rentra dans sa chambre, et, le lendemain, il lit part aux magistrats de ce qui lui était arrivé. On fouilla dans l’endroit indiqué ; on trouva les os d’un cadavre avec des chaînes, on lui rendit les honneurs de la sépulture, et, dès ce moment, ajoute-t-on, la maison fut tranquille[1]. Voy. Ayola et Arignote.

Atinius. Tite-Live raconté que, le matin d’un jour où l’on représentait les grands jeux, un citoyen de Rome conduisit un de ses esclaves à travers le cirque en le faisant battre de verges ; ce qui divertit ce grand peuple romain. Les jeux commencèrent à la suite de cette parade ; mais quelques jours après Jupiter Capitolin apparut la nuit, en songe, à un homme du peuple nommé Atinius[2], et lui ordonna d’aller dire de sa part aux consuls qu’il n’avait pas été content de celui qui menait la danse, aux derniers jeux, et que l’on recommençât la fête avec un autre danseur. — Le Romain, à son réveil, Craignit de se rendre ridicule en publiant ce songe, et le lendemain son fils, sans être malade, mourut subitement. La nuit suivante, Jupiter lui apparut de nouveau et lui demandai s’il se trouvait bien d’avoir méprisé l’ordre des dieux, ajoutant que s’il n’obéissait il lui arriverait pis. Atinius, ne s’étant pas encore décidé à parler aux magistrats, fut frappé d’une paralysie qui lui ôta l’usage de ses membres. Alors, il se fit porter en chaise au sénat, et raconta tout ce qui s’était passé. Il n’eut pas plutôt fini son récit, qu’il se leva, rendu à la santé. Toutes ces circonstances parurent miraculeuses. On comprit que le mauvais danseur était l’esclave battu. Le maître de cet infortuné fut recherché et puni ; on ordonna aussi de nouveaux jeux qui furent célébrés avec plus de pompe que les précédents. — An de Rome 265.

Atré, divinité ou plutôt démon des Anglo-Saxons, auxquels il ne faisait que du mal.

Atropos, l’une des trois Parques ; c’est elle qui coupait le fil. Hésiode la peint comme très-féroce ; on lui donne un vêtement noir, des traits ridés et un maintien peu séduisant.

Attila, dit le Fléau de Dieu, que saint Loup, évêque de Troyes, empêcha de ravager la Champagne. Comme il s’avançait sur Rome pour la détruire, il eut une vision : il vit en songe un vieillard vénérable, vêtu d’habits sacerdotaux, qui, l’épée nue au poing, le menaçait de le tuer s’il résistait aux prières du saint pape Léon. Le lendemain, quand le Pape vint lui demander d’épargner Rome, il répondit qu’il le ferait, et ne passa pas plus avant. Paul Diacre dit, dans le livre XV de son Histoire de la Lombardie, que ce vieillard merveilleux n’était autre, selon l’opinion générale, que saint Pierre, prince des apôtres. — Des légendaires ont écrit qu’Attila était fils du démon.

Attouchement, Pline dit que Pyrrhus guérissait les douleurs de rate en touchant les malades du gros doigt de son pied droit ; et l’empereur Adrien, en touchant les hydropiques du bout de

  1. Plin. junior, lib. vii, epist. 27.
  2. Plutarque le nomme Titus Latinus.