Dictionnaire infernal/6e éd., 1863/Ayola

Henri Plon (p. 68).
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Ayola (Vasques de). Vers 1570, un jeune homme nommé Vasques de Ayola étant allé à Bologne, avec deux de ses compagnons, pour y étudier en droit, et n’ayant pas trouvé de logement dans la ville, ils habitèrent une grande et belle maison, abandonnée parce qu’il y revenait un spectre qui épouvantait tous ceux qui osaient y loger ; mais ils se moquèrent de tous ces récits et s’y installèrent.

Au bout d’un mois, Ayola veillant un soir seul dans sa chambre, et ses compagnons dormant tranquillement dans leurs lits, il entendit de loin un bruit de chaînes, qui s’approchait et qui semblait venir de l’escalier de la maison ; il se recommanda à Dieu, prit un bouclier, une épée, et, tenant sa bougie en main, il attendit le spectre, qui bientôt ouvrit la porte et parut. C’était un squelette qui n’avait que les os ; il était, avec cela, chargé de chaînes. Ayola lui demanda ce qu’il souhaitait. Le fantôme, selon l’usage, lui fit signe de le suivre. En descendant l’escalier, la bougie s’éteignit. Ayola eut le courage d’aller la rallumer, et marcha derrière le spectre, qui le mena le long d’une cour où il y avait un puits. Il craignit qu’il ne voulût l’y précipiter, et s’arrêta. L’esprit lui fit signe de continuer à le suivre ; ils entrèrent dans le jardin, où la vision disparut. — Le jeune homme arracha quelques poignées d’herbe, pour reconnaître l’endroit ; il alla ensuite raconter à ses compagnons ce qui lui était arrivé, et, le lendemain matin, il en donna avis aux principaux de Bologne. Ils vinrent sur les lieux et y firent fouiller. On trouva un corps décharné, chargé de chaînes. On s’informa qui ce pouvait être ; mais on ne put rien découvrir de certain. On fit faire au mort des obsèques convenables ; on l’enterra, et depuis ce temps la maison ne fut plus inquiétée. Ce fait est rapporté par Antoine de Torquemada, dans son Hexaméron.