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dans le moyen âge. Lorsqu’on rencontrait en chemin un homme ou un oiseau qui venait par la droite et passait à la gauche, on en concluait mauvais présage, et au sens contraire passable augure[1].

Vidal de la Porte, sorcier du seizième siècle que les juges de Riom condamnèrent à être pendu, étranglé et brûlé pour ses maléfices, tant sur les hommes que sur les chiens, chats et autres animaux.

Vid-Blain, le plus haut des elfs.

Vieille. Bien des gens superstitieux croient encore que dans certaines familles une vieille apparaît et annonce la mort de quelqu’un de la

 
Vieile
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maison. Cardan conte que, dans un palais de Parme appartenant a une famille noble et distinguée, on voyait toujours, quand, quelqu’un devait mourir, le fantôme d’une vieille femme assis sous la cheminée. Voy. Femmes blanches, Mélusines, etc.

Villain (l’abbé), auteur de l’Histoire critique de Nicolas Flamel et de Pernelle, sa femme, in-12. Paris, 1761, livre assez recherché.

Villars (l’abbé de), littérateur de Limoux, assassiné, en 1673, sur la route de Lyon. Il était, dit-on, de l’ordre, secret, des Rose-Croix. Il a beaucoup écrit sur la cabale, et de manière qu’on ne sait pas très-bien découvrir s’il y croyait ou s’il s’en moquait. On a de lui : le Comte, de Gabalis, ou Entretiens sur les sciences secrètes, in-12, Londres, 1742 ; les Génies assistants, in-12, même année, suite du Comte de Gabalis ; le Gnome irréconciliable, autre suite du même ouvrage ; les Nouveaux Entretiens sur les sciences secrètes, troisième suite du Comte de Gabalis. Nous avons cité souvent ces opuscules, aujourd’hui peu recherchés. Voy. Cabale, etc.

Villiers (Florent de), grand astrologue, qui dit a son père qu’il ne fallait pas qu’il lui bâtît une maison, parce qu’il saurait habiter en divers lieux et toujours chez autrui. En effet, il alla à Beaugency, de là à Orléans, puis à Paris, en Angleterre, en Écosse, en Irlande ; il étudia la médecine à Montpellier ; de là il fut à Rome, à Venise, au Caire, à Alexandrie, et revint auprès du duc Jean de Bourbon. Le roi Louis XI le prit à son service ; il suivit ce prince en Savoie pour étudier les herbes des montagnes et les pierres médicinales. Il apprit à les tailler et à les graver en talismans. Il se retira à Genève, puis à Saint-Maurice en Chablais, à Berne en Suisse, et vint résider à Lyon ; il y fit bâtir une étude, où il y avait-deux cents volumes de livrés singuliers qu’il consacra au public, il se maria, eut des enfants, tint ouverte une école d’astrologie, où le roi Charles VII se rendit pour écouter ses jugements. On l’accusa d’avoir un esprit familier, parce qu’il répondait promptement à toutes questions.

Vine, grand roi et comte de la cour infernale. Il se montre furieux comme un lion ; un cheval noir lui sert de monture. Il tient une vipère à la main, bâtit des maisons v enfle les rivières et connaît Impasse. Dix-neuf légions lui obéissent[2].

Vipère. On trouve sans doute encore en Espagne et en Italie de prétendus parents de saint Paul qui se vantent de charmer les serpents et de guérir les morsures de vipère. Voy. Salive.

Virgile. Les hommes qui réfléchissent s’étonnent encore de la légende des faits merveilleux de Virgile, tradition du moyen âge, que tous les vieux chroniqueurs ont ornée à l’envi, et qui nous présente comme un grand magicien celui qui ne fut qu’un grand poète. Est-ce à cause de l’admiration qu’il inspira ? Est-ce à cause de la quatrième églogue, qui route sur une prophétie de la naissance de Jésus-Christ ? N’est-ce pas pour l’aventure d’Aristée et les descriptions magiques du sixième livre de l’Énéide ? Des savants l’ont pensé. Mais Gervais de Tilbury, Vincent de Beauvais, le poëte Adenès, Alexandre Neeckam, Gratian du Pont, Gauthier de Metz et cent autres racontent de lui de prodigieuses aventures, qui semblent une page arrachée aux récits surprenants des Mille et une Nuits.

Il attrape le diable, après lui avoir escamoté tous les secrets de la magie, et cela à peine sorti des écoles. Il a appris qu’on a dépouillé sa mère de ses domaines ; il en fait enlever toutes les récoltes par des esprits qui sont à ses ordres, et il les fait apporter chez lui. Il se fait bâtir un château immense, où il a une armée de domestiques qui ne sont que des démons ; mais il les domine. L’empereur de Rome vient pour le prendre dans son château ; Virgile l’a entouré d’un brouillard où personne ne peut se reconnaître, et les soldats de l’empereur, sous l’empire d’une fascination prodigieuse, se croient les pieds dans l’eau.

L’empereur a ses magiciens, qui essayent vainement de lutter contre Virgile. Il rend tous ceux qui cherchent à l’investir immobiles comme des statues, et force l’empereur à capituler.

  1. Michel Scott, De physiogn., ch. lvi.
  2. Wierus, Pseudom. dæm.