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conspiration contre lui, se mit en tête de savoir le nom des conjurés par l’évocation des esprits. Le démon lui répondit, se voyant pressé, que s’il prenait garde à sa monnaie, il trouverait ce qu’il demandait. Comme la réponse était obscure, et que pour l’entendre il fallait être aussi diable que le diable même, il s’en moqua, quoiqu’elle fût trouvée véritable par l’événement, puisque la légende de la vieille monnaie de Farnèse était p. alois, parm. et plac. dux. Par ces quatre lettres plac., qui signifient Placentiæ, il lui découvrait le lieu et le nom des conjurés. Chaque lettre des quatre marquait la première du nom des quatre familles qui exécutèrent leur entreprise : P, Pallavicini ; L, Landi ; A, Anguiscioli ; C, Confalonieri. »

Valentin, hérésiarque, originaire d’Égypte, qui enseigna sa doctrine peu de temps après la mort du dernier des apôtres. Il admettait un séjour éternel de lumière, qu’il nommait pléroma ou plénitude, dans lequel habitait la Divinité. Il y plaçait des Éons ou intelligences immortelles, au nombre de trente, les uns mâles, les autres femelles ; il les distribuait en trois ordres, les supposait nés les uns des autres, leur donnait des noms et faisait leur généalogie. Le premier était Bythos, la profondeur, qu’il appelait aussi le premier père, propator. Il lui donnait pour femme Ennoïa, l’intelligence, qu’il appelait encore le silence, Sigé. Jésus-Christ et le Saint-Esprit étaient les derniers nés de ces Éons.

On a peine à concevoir que Valentin ait eu de nombreux disciples et que plusieurs sectes soient nées de sa doctrine ; mais l’esprit humain fourvoyé a aussi ses prodiges.

Valentin (Basile). Voy. Basile-Valentin.

Valère-Maxime, écrivain qui florissait sous Tibère. Le premier livre de son Recueil des actions et des paroles mémorables roule principalement sur les prodiges et les songes merveilleux.

Valkiries. Voy. Walkiries.

Vampires. Ce qu’il y a de plus remarquable dans l’histoire des vampires, c’est qu’ils ont partagé avec les philosophes, ces autres démons, l’honneur d’étonner et de troubler le dix-huitième siècle ; c’est qu’ils ont épouvanté la Lorraine, la Prusse, la Silésie, la Pologne, la Moravie, l’Autriche, la Russie, la Bohême et tout le nord de l’Europe, pendant que les démolisseurs de l’Angleterre et de la France renversaient les croyances en se donnant le ton de n’attaquer que les erreurs populaires.

Chaque siècle, il est vrai, a eu ses modes ; chaque pays, comme l’observe D. Calmet, a eu ses préventions et ses maladies. Mais les vampires n’ont point paru avec tout leur éclat dans les siècles barbares et chez les peuples sauvages : ils se sont montrés au siècle des Diderot et des Voltaire, dans l’Europe, qui se disait déjà civilisée.

On a donné le nom d’upiers oupires, et plus généralement vampires en Occident, de broucolaques (vroucolacas) en Morée, de katakhanès à Ceylan, — à des hommes morts et enterrés depuis plusieurs années, ou du moins depuis plusieurs jours, qui revenaient en corps et en âme, parlaient, marchaient, infestaient les villages, maltraitaient les hommes et les animaux ; et surtout qui suçaient le sang de leurs proches, les épuisaient, leur causaient la mort[1]. On ne se délivrait de leurs dangereuses visites et de leurs infestations qu’en les exhumant, les empalant, leur coupant la tête, leur arrachant le cœur, ou les brûlant.

 
Vampires
Vampires
 

Ceux qui mouraient sucés devenaient habituellement vampires à leur tour. Les journaux publics de la France et de la Hollande parlent, en 1693 et 1694, des vampires qui se montraient en Pologne et surtout en Russie. On voit dans le Mercure galant de ces deux années que c’était alors une opinion répandue chez ces peuples que les vampires apparaissaient depuis midi jusqu’à minuit ; qu’ils suçaient le sang des hommes et des animaux vivants avec tant d’avidité, que souvent ce sang leur sortait par la bouche, par les narines, par les oreilles. Quelquefois, ce qui est plus fort encore, leurs cadavres nageaient dans le sang au fond de leurs cercueils.

 
Vampires
Vampires
 

On disait que ces vampires, ayant continuellement grand appétit, mangeaient aussi les linges qui se trouvaient autour d’eux. On ajoutait que, sortant de leurs tombeaux, ils allaient la nuit embrasser violemment leurs parents ou leurs amis, à qui ils suçaient le sang en leur pressant la gorge

  1. C’est la définition que donne le R. P. D. Calmet.