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chargé de foin, vers l’an 1728. Trente jours après sa mort, quatre personnes moururent subitement et de la même manière que meurent ceux qui sont molestés des vampires. On se ressouvint alors qu’Arnold avait souvent raconté qu’aux environs de Gassova, sur les frontières de la Turquie, il avait été tourmenté longtemps par un vampire turc ; mais que, sachant que ceux qui étaient victimes d’un vampire le devenaient après leur mort, il avait trouvé le moyen de se guérir en mangeant de la terre du tombeau du défunt et en se frottant de son sang. On présuma que si ce remède avait guéri Arnold (Paul), il ne l’avait pas empêché de devenir vampire à son tour ; eh conséquence on le déterra pour s’en assurer, et, quoiqu’il fût inhumé depuis quarante jours, on lui trouva, le corps vermeil ; on s’aperçut que ses cheveux, ses ongles, sa barbe, s’étaient renouvelés, et que ses veines étaient remplies d’un sang fluide. Le bailli du lieu, en présence de qui se fit l’exhumation, et qui était un homme expert, ordonna d’enfoncer dans le cœur de ce cadavre un pieu fort aigu et de le percer de part en part ; ce qui fut exécuté sur-le-champ. Le corps du vampire jeta un cri et fit des mouvements ; après quoi on lui coupa la tête et on le brûla dans un grand bûcher. On fit subir ensuite le même traitement aux quatre morts qu’Arnold (Paul) avait tués, de peur qu’ils ne devinssent vampires à leur tour, et il y eut un peu de calme. Voy. Vampires.

Paul (Saint). Voy. Art de saint Paul.

Paule. Il y avait au couvent des cordeliers de Toulouse un caveau qui servait de catacombes ; les morts s’y conservaient. Dans ce caveau était enterrée, depuis la fin du seizième siècle, une femme célèbre dans le pays, sous le nom de la belle Paule. Il était d’usage de visiter son tombeau le jour anniversaire de sa mort. Un jeune cordelier, la tête un peu échauffée, s’était un jour engagé à descendre dans ces catacombes sans lumière et sans témoin, et à enfoncer un clou dans le cercueil de Paule. Il y descendit en effet ; mais il attacha par mégarde au cercueil un pan de sa robe. Lorsqu’il voulut remonter, il se crut retenu par la défunte ; ce qui lui causa une telle frayeur qu’il tomba mort sur la place.

Pausanias. Quelques écrivains ont prétendu que les Lacédémoniens n’avaient point de sorciers, parce que, quand ils voulurent apaiser les mânes de Pausanias, qu’on avait laissé mourir de faim dans un temple, et qui s’était montré depuis à certaines personnes, on fut obligé de faire venir des sorciers d’Italie pour chasser le spectre du défunt. Mais ce trait ne prouve rien, sinon que les sorciers de Lacédémone n’étaient pas aussi habiles que ceux de l’Italie.

Pavanis (Les). C’est le nom qu’on donne aux magiciens et devins dans l’isthme de Dari.

Paymon, l’un des rois de l’enfer. S’il se montre aux exorcistes, c’est sous la forme d’un homme à cheval sur un dromadaire, couronné d’un diadème étincelant cle pierreries, avec un visage de femme. Deux cents légions, partie de


l’ordre des Anges, partie de l’ordre des Puissances, lui obéissent. Si Paymon est évoqué par quelque sacrifice ou libation, il paraît accompagné des deux grands princes Bébal et Abalam[1].

Péanite, pierre fabuleuse, que les anciens croyaient douée du privilège de faciliter les accouchements.

Peau. Pour guérir les taches de la peau et les verrues, il suffit, selon certaines croyances populaires, de toucher un cadavre ou de se frotter les mains au clair de la lune. Voy. Verrues[2].

Péché, chemin de l’enfer.

Péché originel. « Un enfant, dites-vous, ne peut naître responsable de la faute d’un père. En êtes-vous bien sûr ? Au sein de l’humanité un sentiment universel se manifeste ; la vie de tous les peuples exprime par les faits les plus significatifs l’existence d’une loi terrible et mystérieuse, de la loi d’hérédité et de solidarité pour le crime et la peine entre les hommes. Interrogez les nations qui furent les plus voisines des traditions primitives. En Chine, le fils est puni pour le père ; une famille et même une ville entière répondent pour le crime d’un seul. Dans l’Inde, les parents, l’instituteur, l’ami du coupable, doivent être punis. Tout l’Orient jugeait ainsi. Il en est de même encore parmi les peuplades sauvages. De là aussi ces chants lugubres des poètes qui, voyant Rome désolée par les guerres civiles, en donnent instinctivement pour raison qu’elle expiait les parjures de Laomédon, les parjures des Troyens, le parricide de Romulus, c’est-à-dire les crimes commis par ses aïeux.

» Alexandre meurt au milieu de ses plus belles années ; après lui de sanglantes divisions se dé-

  1. Wierus, in Pseudomon. dæmon.
  2. Brown, Erreurs populaires, t. II.