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deux ennemis, les rend bons amis et les fait vivre en bonne intelligence…

Millénaires. On a donné ce nom : 1° à des gens qui croyaient que Notre-Seigneur, à la fin du monde, régnera mille ans sur la terre ; 2° à d’autres qui pensaient que la fin du monde arriverait en l’an mil ; 3° à d’aucuns encore qui avaient imaginé que, de mille ans en mille ans, il y avait pour les damnés une cessation des peines de l’enfer.

Milan.

Miller. Le prophète américain Miller, qui avait commencé en 1833 ses prédictions de la fin prochaine du monde, et qui les a continuées pendant dix ans sans que les démentis qu’il recevait périodiquement parussent altérer sa confiance imperturbable, est mort le 20 décembre 184/i à Hampton, dans le comté de Washington (État de New-York), à l’âge de 68 ans. Ses calculs du millenium étaient fondés sur l’interprétation d’un passage de l’Apocalypse qui a déjà occasionné les commentaires les plus extravagants. Cet illuminé ne comptait pas moins de 30 ou 40,000 disciples. Leurs rêveries ont donné lieu à plusieurs contestations judiciaires, dont les journaux américains ont rendu compte.

Les millénaires, persuadés qu’ils n’avaient plus que peu de temps à vivre, s’empressaient de vendre leurs biens, et surtout croyaient pouvoir se dispenser de payer leurs dettes. Le dernier délai de rigueur irrévocable et sans remise, fixé à un certain jour de l’année 1843, s’est écoulé sans autre phénomène qu’une éclipse totale de lune annoncée dans tous les almanachs. Depuis ce temps, la crédulité des adeptes du prophète a été fort ébranlée, et, s’il reste encore des illusions à quelques-uns d’entre eux, la mort même du prophète a dû les faire évanouir. Il avait annoncé que lui et un très-petit nombre d’élus devaient survivre à la catastrophe, afin de prononcer l’oraison funèbre du genre humain et de solliciter la clémence céleste lors du jugement dernier, que Miller appelait le jour de l’épreuve.

Millo, vampire de Hongrie au dix-huitième siècle. Une jeune fille, nommée Stanoska, s’étant couchée un soir en parfaite santé, se réveilla au milieu de la nuit toute tremblante, jetant des cris affreux, et disant que le jeune Millo, enterré depuis neuf semaines, avait failli l’étrangler. Cette fille mourut au bout de neuf jours. On pensa que Millo pouvait être un vampire ; il fut déterré, reconnu pour tel et décapité après avoir eu le cœur percé d’un clou. Ses restes furent brûlés et jetés dans la rivière. Voy. Vampires.

Milon, athlète grec, dont on a beaucoup vanté la force prodigieuse. Galien, Mercurialis et d’autres disent qu’il se tenait si ferme sur une planche huilée, que trois hommes ne pouvaient la lui faire abandonner. Athénée ajoute qu’aux jeux Olympiques il porta longtemps sur ses épaules un bœuf de quatre ans, qu’il mangea le même jour tout entier ; fait aussi vrai que le trait de Gargantua, lequel avala six pèlerins dans une bouchée de salade[1] .

Milton. Dans son beau poëme du Paradis perdu, il a pompeusement peint les démons. Satan figure aussi dans son Paradis reconquis.

Mimer. En face de Kullan, on aperçoit une colline couverte de verdure, qu’on appelle la colline d’Odin. C’est là, dit-on, que le dieu Scandinave a été enterré. Mais on n’y voit que le tombeau du conseiller a’Élat Schimmelinann, qui était un homme fort paisible, très-peu soucieux, je crois, de monter au Valhalla et de boire le miœd avec les valkyries. Cependant une enceinte d’arbres protège l’endroit où les restes du dieu suprême ont été déposés ; une source d’eau limpide y coule avec un doux murmure. Les jeunes filles des environs, qui connaissent leur mythologie, disent que c’est la vraie source de la sagesse, la source de Mimer, pour laquelle Odin sacrifia un de ses yeux. Dans les beaux jours d’été, elles y viennent boire<ref>Marmier, Souvenirs danois.<ref>.

Mimi. Voy. Zozo.

Mimique, art de connaître les hommes par leurs gestes, leurs habitudes. C’est la partie la moins douteuse peut-être de la physiognomonie. La figure est souvent trompeuse, mais les gestes et les mouvements d’une personne qui ne se croit pas observée peuvent donner une idée plus ou moins parfaite de son caractère. Rien n’est plus significatif, dit Lavater, que les gestes qui accompagnent l’attitude et la démarche. Naturel ou affecté, rapide ou lent, passionné ou froid, uniforme ou varié, grave ou badin, aisé ou forcé, dégagé ou roide, noble ou bas, fier ou humble, hardi ou timide, décent ou ridicule, agréable, gracieux, imposant, menaçant, le geste est différencié de mille manières. L’harmonie étonnante qui existe entre la démarche, la voix et le geste, se dément rarement. Mais pour démêler le fourbe,

  1. Brown, Essai sur les erreurs populaires, liv. VII, ch. xviii, p. 334.