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et Jupiter aux deux oreilles, Mars et Vénus aux deux narines, le soleil et la lune aux deux yeux, et Mercure à la bouche.

Hermialites ou Hermiens, disciples d’un hérétique du deuxième siècle, nommé Hermas ; ils honoraient l’Univers-Dieu, disant à la fois que ce monde est Dieu et que ce monde est l’enfer.

Hermione. Voy. Hermeline.

Hermolao Barbaro, savant du quinzième siècle, qu’on accusa, selon Bodin, d’avoir invoqué le diable pour obtenir l’intelligence de quelques passages difficiles d’Aristote.

Hermotime. On sait que Cardan et une foule d’autres se vantaient de faire voyager leur âme sans que le corps fût de la partie. L’âme d’Hermotime de Glazomène s’absentait de son corps lorsqu’il le voulait, parcourait les pays éloignés, et racontait à son retour des choses surprenantes. Apparemment que Hermotime eut des ennemis. Un jour que son âme était allée en course, et que son corps était comme de coutume semblable à un cadavre, ses ennemis le brûlèrent et ôtèrent ainsi à l’âme le moyen de rentrer dans son étui. Mais, dans d’autres versions, Hermotime est un vampire. Voy. Huet.

Hérodiade. On dit en Catalogne que la danseuse homicide d’Hérode, l’infâme Salomé, fille d’Hérodiade, ayant longtemps couru le monde, se noya dans le Ségré, fleuve qui passe à Lérida, et cause de temps en temps des dévastations. Les bonnes femmes ajoutent qu’Hérode y est enseveli avec elle.

D’autres traditions noient Salomé dans un lac glacé sur lequel elle dansait ; ce qu’elle n’avait cessé de faire depuis son affreuse aventure. La glace se creva sous ses pieds, et, se refermant pendant qu’elle s’enfonçait, lui trancha la tête.

Ce lac est en Suisse, et cette tête danse toujours. Mais peu de gens la peuvent voir. D’autres font noyer cette malheureuse dans le Rhône.

Héron, ermite qui, après avoir passé plus de cinquante ans dans les déserts de la Thébaïde, se laissa persuader par le diable, sous la figure d’un ange, de se jeter dans un puits, attendu que, comme il était en bonne grâce avec Dieu, il ne se ferait point de mal. Il ajouta foi, dit Leloyer, aux paroles du diable, et, se précipitant d’un lieu élevé, dans la persuasion que les anges le soutiendraient, il tomba dans le puits, d’où on le retira disloqué ; il mourut trois jours après[1].

Hertha, femme blanche honorée dans la Poméranie, où elle fait croître l’herbe dans les prairies et remplit les greniers.

Hervilliers (Jeanne). C’est la même que Jeanne Harvilliers.

Hèse (Jean de), voyageur du quinzième siècle, qui a parcouru l’Asie et vu des merveilles, hommes à tête de chien, poissons à face humaine, pygmées, sauvages qui n’ont qu’un œil, etc. M. de Reiffenberg a donné une curieuse analyse de ce voyage singulier, dans le Recueil encyclopédique belge.

Heure. Voy. Minuit. Anges ou démons des heures. Voy. Pierre d’Apone.

Hexagone, habitant de l’île de Chypre, qui vivait très-bien avec les serpents. Il en donna la preuve en se faisant jeter dans une cuve pleine de serpents, lesquels, loin de lui faire aucun mal, l’enlaçaient d’une manière caressante et le léchaient de leurs langues en lui faisant de bons yeux.

Hibou, oiseau de mauvais augure. On le regarde vulgairement comme le messager de la


mort ; et les personnes superstitieuses qui perdent quelque parent ou quelque ami se ressouviennent toujours d’avoir entendu le cri du hibou. Sa présence, selon Pline, présage la stérilité. Son œuf, mangé en omelette, guérit, dit-on, de l’ivrognerie.

Cet oiseau est mystérieux, parce qu’il recherche la solitude, qu’il hante les clochers, les tours et les cimetières. On redoute son cri, parce qu’on ne l’entend que dans les ténèbres ; et, si on l’a vu quelquefois sur la maison d’un mourant, il y était peut-être attiré par l’odeur cadavéreuse, ou par le silence qui régnait dans cette maison. Un philosophe arabe, se promenant dans la campagne avec un de ses disciples, entendit une voix détestable qui chantait un air plus détestable encore. — Les gens superstitieux, dit-il, prétendent que le chant du hibou annonce la mort d’un homme ; si cela était vrai, le chant de cet homme annoncerait la mort d’un hibou. Cependant si le hibou est regardé comme un mauvais présage chez les

  1. Lenglet-Dufresnoy, Dissertations sur les apparitions, 1. 1, p. 159, et Bodin, Démonomanie des sorciers, p. 279.