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pour peu de chose. Ils pansent les chevaux, les étrillent, les frottent, les brident, les sellent, dressent leurs crins et leurs queues, comme le meilleur palefrenier : ils font même les plus viles fonctions de la maison. Voy. Bérith, Hecdekin, etc.

Gunem, appelé aussi iEnus, soldat anglais qui, après avoir servi sous le roi Etienne, se trouvant chargé de bien des crimes, s’en alla en Irlande, décidé à faire sa pénitence dans le purgatoire de Saint-Patrice. Il y subit diverses douleurs qu’il accepta en expiation, s’en revint soulagé et mena depuis une vie exemplaire.

Gurme, chien redoutable, espèce de Cerbère de l’enfer des Celtes. Pendant l’existence du monde, ce chien est attaché à l’entrée d’une caverne ; mais au dernier jour il doit être lâché, attaquer le dieu Tyr ou Thor, et le tuer. C’est le même que le loup Fenris.

Gusandal (vallée de lumière). En Suède, où la magie est en plein mouvement, de nos jours, on donne ce nom au carrefour où se fait le sabbat.

Gusoyn, grand-duc aux enfers. Il apparaît sous la forme d’un chameau. Il répond sur le présent, le passé, l’avenir, et découvre les choses cachées. Il augmente les dignités et affermit les honneurs. Il commande à quarante-cinq légions.

Gustaph. Voy. Zoroastre.

Gutheyl ou Guthyl, nom sous lequel les Germains vénéraient le gui de chêne. Ils lui attribuaient des vertus merveilleuses, particulièrement contre l’épilepsie, et le cueillaient avec les mêmes cérémonies que les Gaulois. Dans certains endroits de la haute Allemagne, cette superstition s’est conservée, et les habitants sont encore aujourd’hui dans l’usage de courir de maison en maison et de ville en ville, en criant : « Guthey ! Guthey ! » — Des Septentrionaux s’imaginaient qu’un homme muni du gui de chêne non-seulement ne pouvait être blessé, mais était sûr de blesser tous ceux contre lesquels il lançait une flèche. C’est à cause de ces vertus magiques, attribuées au gui de chêne, qu’on l’appelle en Alsace Marentakein, c’est-à-dire arbrisseau des spectres.

Guymond de la Touche, poëte dramatique et philosophe du dernier siècle. Il était allé le 11 février 1760 chez une sorcière, à Paris, dans le dessein de rire, car il ne croyait à rien. Il fut frappé pourtant de l’appareil mystérieux qui entourait la sorcière et de l’attention grave que lui prêtaient les assistants. Sa curiosité fut piquée. Dans l’instant où, un peu troublé, il s’approchait d’une jeune fille à qui on enfonçait des épingles dans la gorge : — « Vous êtes bien empressé, lui dit la sorcière, à vous éclairer de ce qu’on fait ici. Puisque vous êtes si curieux, apprenez que vous mourrez dans trois jours. » — Ces paroles dites avec solennité firent sur Guymond de la Touche, qui ne croyait à rien, une impression telle qu’il se retira chez lui bouleversé, se mit au lit et mourut en effet trois jours après, le 14 février 1760[1].

Gymnosophistes, philosophes ainsi nommés parce qu’ils allaient nus ou sans habits. Chez les démonomanes, les gymnosophistes sont des magiciens qui obligeaient les arbres à s’incliner et à parler aux gens comme des créatures raisonnables. Tespesion, l’un de ces sages, ayant commandé à un arbre de saluer Apollonius, il s’inclina, et, rabaissant le sommet, de sa tête et ses branches les plus hautes, il lui fit des compliments d’une voix distincte, mais féminine, « ce qui surpasse la magie naturelle[2]. »

Gyromancie, sorte de divination qui se pratiquait en marchant en rond, ou en tournant autour d’un cercle, sur la circonférence duquel étaient tracées des lettres. À force de tourner on s’étourdissait jusqu’à se laisser tomber, et de l’assemblage des caractères qui se rencontraient aux divers endroits où l’on avait fait des chutes, on tirait des présages pour l’avenir. Voy. Alectryomancie.


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Haagenti, grand président aux enfers. Il paraît sous la figure d’un taureau avec des ailes de griffon. Lorsqu’il se montre portant face humaine, il rend l’homme habile à toutes choses ; il enseigne en perfection l’art de transmuer tous les métaux en or, et de faire d’excellent vin avec de l’eau claire. Il commande trente-trois légions.

Habondia, reine des fées, des femmes blanches, des bonnes, des sorcières, des larves, des furies et des harpies, comme l’assure Pierre Delancre en son livre de l’Inconstance des démons.

Haborym, démon des incendies, appelé aussi Aym. Il porte aux enfers le titre de duc ; il se montre à cheval sur une vipère, avec trois têtes, l’une de serpent, l’autre d’homme, la troisième

  1. Voyez cette histoire dans les Légendes de l’autre monde.
  2. Delancre, Incrédulité et mécréance du sortilège pleinement convaincues, p. 33.