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DAN
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les attributs [de tous les états, montrant par là que nous sommes tous soumis à sa nécessité. Au

 
Danse des morts
Danse des morts
 
pont de Lucerne, la mort vit avec nous. Faisons-nous une partie de campagne, elle s’habille en cocher, fait claquer son fouet ; les enfants rient et pétillent : la mère seule se plaint que la voiture va trop vite. Que voulez-vous ! c’est la mort qui conduit, elle a hâte d’arriver. Allez-vous au bal, voici la mort qui entre en coiffeur, le peigne à la main. « Hâtez-vous, dit la jeune fille, hâtez-vous ! je ne veux pas arriver trop tard. — Je ferai vite ! » Elle fait vite ; car à peine a-t-elle touché du bout de son doigt décharné le front de la danseuse, que ce front de dix-sept ans se dessèche aussi bien que les fleurs qui devaient le parer.

» Le pont de Lucerne nous montre la mort à nos côtés et partout : à table, où elle a la serviette autour du cou, le verre à la main, et porte des santés ; dans l’atelier du peintre, où, en garçon barbouilleur, elle tient la palette et broie les couleurs ; dans le jardin, où, vêtue en jardinier, l’arrosoir à la main, elle mène le maître voir si ses tulipes sont écloses ; dans la boutique,

 
Danse des morts
Danse des morts
 
où en garçon marchand, assise sur des ballots d’étoffe, elle a l’air engageant et appelle les pratiques ; dans le corps de garde, où, le tambour en main, elle bat le rappel ; dans le carrefour, où, en faiseur de tours, elle rassemble les badauds ; au barreau, où, vêtue en avocat, elle prend des conclusions : le seul avocat (dit la légende en mauvais vers allemands placés au bas de chaque tableau) qui aille vite et qui gagne toutes ses causes ; dans l’antichambre du ministre, où, en solliciteur, l’air humble et le dos courbé, elle présente une pétition qui sera écoutée ; dans le combat, enfin, où elle court en tête des bataillons, et pour se faire suivre elle s’est noué le drapeau autour du cou… »

Danse des tables. Voy. Tables tournantes.

Danse du sabbat. Pierre Delancre assure que les danses du sabbat rendent les hommes furieux et font avorter les femmes. Le diable, dit-on, apprenait différentes sortes de danses aux sorciers de Genève. Ces danses étaient fort rudes, puisqu’il se servait de verges et de bâtons comme ceux qui font danser les animaux. Il y avait dans ce pays une jeune femme à qui le diable avait donné une baguette de fer qui avait la vertu de faire danser les personnes qu’elle touchait. Elle se moquait des juges durant son procès, et leur protestait qu’ils ne pourraient la faire mourir ; mais elle déchanta[1].

 
Danse du sabbat
Danse du sabbat
 

Les démons[2] dansent avec les sorcières, en

  1. Delancre, Tableau de l’inconst. des démons, etc., liv. III, disc. iv, p. 204.
  2. Bodin, Démonomanie, liv. I, ch. iv.