Page:Jacques Collin de Plancy - Dictionnaire infernal.pdf/141

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
CAM
CAN
— 133 —

paritions, des livres que nous ne connaissons pas.

Camisards. Voy. Dauphiné.

Camnuz (l’esprit de). Sigebert raconte dans sa chronique les malices d’un esprit frappeur qui fréquenta assez longtemps Camnuz, près de Bingen, faisant divers bruits insolites et jetant des pierres sans se montrer. Il en arriva à dérober divers objets et à dénoncer comme voleurs ceux à qui il en voulait et chez qui il portait ses larcins. Il mit le feu à des maisons et à des récoltes, et vexa le pays assez longtemps. On l’entendait parler sans le voir. C’était à la fin du seizième siècle. Enfin, l’évêque de Mayence envoya des exorcistes qui le chassèrent.

Campanella (Thomas), homme d’esprit, mais de peu de jugement, né dans un bourg de la Calabre en 1568. Tout jeune il rencontra, dit-on, un rabbin qui l’initia dans les secrets de l’alchimie, et qui lui apprit toutes les sciences en quinze jours, au moyen de l’Art Notoire. Avec ces connaissances, Campanella, entré dans l’ordre des dominicains, se mit à combattre la doctrine d’Aristote, alors en grande faveur. Ceux qu’il attaqua l’accusèrent de magie ; et il fut obligé de s’enfuir de Naples. On s’empara de ses cahiers. L’inquisition, y trouvant des choses répréhensibles, condamna l’auteur à la retraite dans un couvent. Notez que c’était l’inquisition d’État, et que la vraie cause qui lui fit imposer le silence dans une sorte de séquestration fut une juste critique qu’il avait faite, dans son Traité de la monarchie espagnole, des torts graves de cette nation, dominée alors par un immense orgueil. Il sortit de sa retraite par ordre du pape, en 1626, et vint à Paris, où il mourut chez les jacobins de la rue Saint-Honoré, le 21 mai 1639. — On a dit qu’il avait prédit l’époque de sa mort et les gloires du règne de Louis XIV. Nous ne citerons de ses ouvrages que ses quatre livres Du sens des choses et de la magie[1] et ses six livres d’astrologie[2] ; l’auteur, qui faisait cas de cette science, s’efforce d’accorder les idées astrologiques avec la doctrine de saint Thomas.

Campbell (Gilbert). Son histoire. Voy. Esprits frappeurs.

Campetti, hydroscope, qui renouvela, à la fin du dernier siècle, les merveilles de la baguette divinatoire. Il était né dans le Tyrol. Mais il a fait moins de bruit que Jacques Aymar. Au lieu de baguette pour découvrir les sources, les trésors cachés et les traces de vol ou de meurtre, il se servait d’un petit pendule formé d’un morceau de pyrite, ou de quelque autre substance métallique suspendue à un fil qu’il tenait à la main. Ses épreuves n’ont pas eu de suites.

Camuz ( Philippe), romancier espagnol du seizième siècle. On lui attribue la Vie de Robert le Diable[3], qui fait maintenant partie de la Bibliothèque Bleue.

Canate, montagne d’Espagne, fameuse dans les anciennes chroniques ; il y avait au pied une caverne où les mauvais génies faisaient leur résidence, et les chevaliers qui s’en approchaient étaient sûrs d’être enchantés, s’il ne leur arrivait pas pis.

Cancer ou l’Écrevisse, l’un des signes du zodiaque. C’est l’Écrevisse qui piqua Hercule au talon pendant qu’il combattait l’hydre de Lerne. Voy. Horoscopes.

Candelier, démon invoqué dans les litanies du sabbat.

Cang-Hy, dieu des cieux inférieurs, chez les Chinois. Il a pouvoir dévie et de mort. Trois esprits subalternes sont ses ministres:Tankwam, qui préside à l’air, dispense la pluie ; Tsuikvam, qui gouverne la mer et les eaux, envoie les vents et les orages; Teikwam, qui préside à la terre, surveille l’agriculture et se mêle des batailles.

Canicida. Voy. Zerinthe.

Canicule, constellation qui doit son nom à l’étoile Syrius ou le chien, et qui domine dans le temps des grandes chaleurs. Les Romains, persuadés de la malignité de ses influences, lui sacrifiaient tous les ans un chien roux. Une vieille opinion populaire exclut les remèdes pendant cette saison, et remet à la nature la guérison de toutes les maladies. C’est aussi une croyance encore répandue qu’il est dangereux de se baigner pendant la canicule.

Canidia, magicienne dont parle Horace ; elle enchantait et envoûtait avec des figures de cire, et, par ses conjurations magiques, elle forçait la lune à descendre du ciel.

Canigou, montagne de France dans le Roussillon. Elle a aussi sa légende. Gervais de Tilbury nous apprend, dans sa chronique, qu’au sommet presque inaccessible de cette montagne il y a un lac d’eau noire dont on ne connaît pas le fond, que les hôtes de l’enfer ont un palais au fond de ce lac, et que si l’on y jette une pierre, les démons aussitôt font surgir une tempête qui effraye la contrée.

Canterme, nom que donnaient les anciens à certains enchantements et maléfices.

Cantwell (André-Samuel-Michel), mort bibliothécaire des Invalides le 9 juillet 1802. Il est auteur d’un roman intitulé le Château d’Albert ou le Squelette ambulant. 1799, 2 vol. in-18.

Canwyll-Corph, chandelle du mort ou chandelle de la mort. Superstition du pays de Galles, mais bornée, dit-on, au diocèse de Saint-David.

  1. De sensu rerum et magia, libri IV, etc. In-4°. Francfort, 1620.
  2. 2 Astrologicorum libri VI. In-4°. Lyon, 1629. L’édition de Francfort, 4 630, est plus recherchée, parce qu’elle contient un septième livre intitulé De falo siderali vitando.
  3. La vida de Roberto el Diablo, In-fol. Séville, 1629.