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SUR L’ÉVOLUTION LITTÉRAIRE

tament, qu’il a eu entre les mains, que je ne lui laisse absolument rien.

Agréez, monsieur le directeur, l’assurance de ma parfaite considération.

Edmond de Goncourt.

Voir page 333.
lettre de m. jean rameau
13, rue de l’Arc-de-Triomphe.
Monsieur,

Ce m’est toujours une grande joie de lire du Laurent Tailhade. J’estime d’abord que cet homme mûr est le seul qui ait quelque talent, parmi les innocents ratés qui se sont laissé dénommer « décadents » sentant fort bien, certes, qu’une épithète, quelle qu’elle fût, les honorait encore beaucoup.

Ensuite, M. Laurent Tailhade est un de mes vieux camarades. J’ai, de lui, des dédicaces flatteuses où il me témoigne « de son estime et de sa sympathie artistique ». Quoi qu’il m’éreinte abondamment depuis quelques années — comme il éreintera ses amis actuels, s’ils s’avisent de sortir de l’ombre — je le laisse dire tout à son aise et je m’amuse énormément à sa prosodie.

Mais où il a tort, c’est quand il fait profession de mépriser le monde et le basbleuisme ; M. Tailhade se laissait volontiers appeler « le poète mondain » quand j’arrivai à Paris. La dernière fois que je le vis, ce fut, si je ne me trompe, chez une comtesse de la rue Saint-Honoré, et l’on