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serts de l’Arabie et que la moindre tempête bouleverse et démantibule de fond en comble, sans avoir pu néanmoins jusqu’à présent obtenir un bail en bonne et due forme, car tous ceux qu’on a donnés, ne valent guère la peine d’être lus, comme me l’a fait remarquer plusieurs fois monsieur le juge Deblois… On a été même jusqu’à saisir de force des individus et leur faire signer malgré eux de ces baux. »[1] Ceux qui consentirent avec le temps à signer un contrat s’engageaient à payer leur rente annuellement. Si, pour une raison ou une autre, ils retardaient de deux ans, sans aucune autre forme de procès, ils perdaient tous droits, et leurs propriétés étaient louées à d’autres. Auraient-ils été sur cette terre depuis vingt-cinq ans ; y auraient-ils fait des améliorations, des constructions ; auraient-ils été en pleine moisson, rien ne les sauvait de cette criminelle sentence. Coffin prenait sa revanche… Mais, en définitive, cette propriété fut une source d’ennuis considérables et ne lui rapporta jamais aucun profit. Ses demandes au gouvernement du Bas-Canada et ses sommations aux Madelinots n’avaient encore abouti à rien, quand il mourut en Angleterre, le 23 juillet 1839, laissant sa propriété à son neveu John Townsend Coffin, avec substitution en faveur de son fils Isaac Tristram Coffin, à la mort duquel l’héritage passerait aux mains de ses héritiers mâles. John Townsed Coffin mourut le 29 avril 1882, sans avoir réglé cette question épineuse qui avait été étudiée par un comité spécial sous le gouvernement du Bas-Canada, en 1853 et en 1859, et sous celui de l’Assemblée Législative en 1872 et 1875.

Par le rapport de l’enquête de 1852, notre gouvernement connut la pénible situation de nos Madelinots, mais il ne fit rien pour les secourir. Le peu d’espoir

  1. Voir app. IX