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livre ii, satire ii.


SATIRE II.


C’est une grande vertu, mes bons, que de vivre de peu ! — Ceci n’est pas de moi, mais c’est Ofellus qui parle ainsi, un rustique, un savant sans études, doué d’une Minerva grossière. — Apprenez cela, non au milieu des plats et des tables brillantes, quand l’œil est ébloui de lumières insensées, et quand l’esprit incline au faux et repousse le vrai ; mais c’est avec moi, et à jeun, qu’il faut vous instruire. Pourquoi ? Je le dirai, si je puis. Un juge corrompu discerne mal la vérité.

Ayant couru le lièvre, ou fatigué par un cheval indompté, ou bien, accoutumé à la vie des Græcs, trop faible pour les exercices guerriers des Romains et trompant ta lassitude par le plaisir du jeu, si tu as jeté la balle rapide ou lancé le disque à travers l’air qu’il fend, quand la fatigue a chassé l’ennui,