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Beaulieu lui-même, qui n’est pas un homme bien méchant, a écrit :


« Les publications qu’on rédige à Alger font apparaître un excédent annuel des recettes et les publications qui s’éditent à Paris font ressortir un déficit notable et permanent. » (Algérie, page 192.)

« Les prétendus excédents des années 1887 à 1891 sont une pure et indigne mystification. » (Algérie, page 195.)


Nous voilà prévenus par un homme dont la modération est classique, légendaire, par un citoyen qu’on ferait difficilement passer pour un exalté. Il nous dit que les chiffres servis par les comptables officiels de l’Algérie, c’est « une pure et indigne mystification ».

Pure du point de vue algérien. Car, si c’est dans l’intention de nous tromper sur leur situation financière qu’ils présentaient de faux résultats, des excédents quand il y avait déficit, cette intention que nous trouvons « indigne » de notre point de vue métropolitain, les Algériens la trouvaient, eux, pure, très pure ; elle servait en effet leur crédit. Ce n’est pas « indigne mystification », comme le croit M. Leroy-Beaulieu, c’est « pure » manœuvre algérienne. C’est la moralité d’hier. C’est la moralité d’aujourd’hui. C’est la moralité de cet homme des Délégations financières qui, en séance, et sans que le commissaire du gouvernement, lequel était, il est vrai, M. de Peyerimhoff, proteste, engage l’administration à dissimuler l’échec des colons qui n’ont point réussi pour ne pas effrayer les importateurs de capitaux. (Voir page 267.) C’est la moralité de la « nouvelle race ». Mentir. Présenter de faux chiffres, des résultats truqués. Dans le budget. Oui. Le budget traité comme les tabacs des fabricants de cigarettes qui nous donnent à fumer des raclures de brousse, des varechs et des