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d’écrits dont l’un populariter scriptum quod ἐξωτερικόν appellabant. Dans les Lettres à Atticus, il dit que à chacun de ses livres du De Republica il a mis des prologues : ut Aristoteles in iis quos ἐξωτερικούς vocat[1]. S’il fallait prendre au pied de la lettre les mots appellabant et vocat, nous aurions ici le témoignage d’Aristote lui-même. Quoi qu’il en soit, Strabon est né avant la mort d’Andronicus, et Cicéron n’est pas seulement le contemporain de Tyrannion ; Tyrannion a donné des leçons aux fils de Cicéron[2]. Le témoignage de Strabon et surtout celui de Cicéron sont donc des plus autorisés. Il y a plus encore : nous avons un témoignage antérieur à Andronicus lui-même. En effet Andronicus connaît les deux prétendues lettres échangées entre Alexandre et Aristote au sujet de la publication de certains écrits de celui-ci[3]. Puisque, selon l’auteur de ces prétendues lettres, Alexandre se plaint de la publication des écrits acromatiques (οὐκ ὀρθῶς ἐποίησας ἐκδοὺς τοὺς ἀκροατικοὺς τῶν λόγων), il fallait donc que, dès le temps de cet auteur, la distinction des écrits d’Aristote en acroamatiques et exotériques fût consacrée. Au reste, dans la Rhétorique à Alexandre, on voit déjà le prétendu Aristote faire mystère de cet écrit ; et la Rhétorique à Alexandre paraît avoir été connue des premiers bibliographes d’Alexandrie[4].

Après avoir suivi la division traditionnelle des écrits d’Aristote en acroamatiques et exotériques jusqu’à l’époque la plus rapprochée de lui que nous avons pu, il nous reste à considérer les passages d’Aristote lui-même où il a parlé des « discours exotériques ». Nous aurons du reste à en rapprocher quelques textes d’Eudème. — Il y a quatre interprétations principales de ces textes : 1o  L’ancienne interprétation de Zeller, qui était déjà celle de Saint Thomas.

  1. Strabon, XIII, 1, 54, p. 609. — Cic. De fin. V, 5, 12 ; ad Att. IV, 16, 2. — Cf. Zeller, 115, 2, 3, 5.
  2. Sur Tyrannion, voir plus bas p. 63 sq.
  3. Pour ces lettres, voir les textes déjà cités d’Aulu-Gelle et de Plut. Alex. Cf. Zeller, 116, n. 3 fin et 4 et supra, p. 10, n. 3.
  4. Rhet. ad Alex. 1, 1421 a, 26 sqq. Cf. Zeller, 116, n. 3 fin et 78, 2.