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stance dans toute l’extension de cette catégorie, qu’elle ne pourrait pas même se poser la question de savoir s’il y a d’autres substances que la substance sensible ; car, si elle aboutit à une substance surnaturelle, c’est sans en avoir délibéré et sans l’avoir cherchée. La physique conduit donc seulement au seuil de la catégorie de substance. Une fois qu’elle s’est achevée, il reste au philosophe à se demander ce qu’est la substance comme substance et en thèse générale, puisqu’il peut y avoir une substance ou des substances supra sensibles, et même en tant qu’il s’agit de décider ce qu’est, en son dernier fond, la substance sensible. La théorie de la substance comme substance ou de l’être en tant qu’être est une science à part, la science suprême, celle qu’Aristote appelle la philosophie première et qu’on a appelée après lui la métaphysique.

Il est bien connu, et nous avons déjà eu l’occasion de rappeler (p. 93 sq.), que la théorie de la connaissance et la théorie de l’être chez Aristote sont, ou paraissent être animées chacune d’un esprit différent. Nous allons donc commencer par demander à la théorie de la connaissance quelles sont ses conclusions, et, sans dissimuler le désaccord qui peut exister entre elle et la théorie de l’être, nous aurons soin pourtant de signaler tous les efforts qu’elle fait pour s’accommoder avec celle-ci. Nous passerons ensuite à la théorie de l’être proprement dite et nous la suivrons jusqu’à la définition du premier des êtres.

D’une manière générale, la théorie de la connaissance d’Aristote conclut comme celle de Platon que l’objet de la science est l’universel. Cette conclusion revient à chaque page, pour ainsi dire, des Seconds analytiques. Mais il ne faut pas la prendre en gros et au pied de la lettre : ce serait un moyen trop commode et aussi trop injuste et trop inintelligent de se préparer à mettre Aristote en contradiction avec lui-même. Il faut voir comment il explique, complète et corrige cette proposition. Tout d’abord la sorte d’universel que réclame la science n’est pas celle que Platon avait cru. En effet, pour qu’il y ait démonstration, il faut qu’il y ait un moyen-terme, et, pour qu’il y ait un moyen-terme, il faut qu’il y ait de l’universel ; car l’essence, ou la défini-