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la Métaphysique que nous désirons parce que nous nous représentons le désirable, et non inversement, et il s’efforce d’établir au même endroit que c’est le suprême intelligible qui est le suprême désirable[1] ; car l’excellence ontologique est la raison qui fait qu’une chose est bonne. Aussi dans le De Anima[2] présente-t-il le désir et l’aversion comme étant les dérivés, ou tout au moins les analogues, de l’affirmation et de la négation. Désirer, c’est affirmer qu’une chose est bonne ; éviter, c’est dire que la chose n’est pas bonne. Par suite encore le processus moteur se figure, pour Aristote, par une opération tout intellectuelle, par l’opération intellectuelle par excellence, par le syllogisme. Tel genre de chose est désirable, dit soit l’intellect, soit l’opinion pratique ; ceci tombe sous le genre en question, dit de son côté la sensation ; l’action suit comme la conclusion de ces prémisses : il faut boire, ceci est buvable et l’animal boit[3]. Aristote dit encore, et c’est une façon à peine différente de présenter les choses, que le désirable, moteur immobile, meut le désir qui, comme moteur-mû, meut à son tour le corps, simple mobile[4]. Le moteur immobile est évidemment ici l’analogue de la majeure, le

  1. 7, 1072 a, 29 : ὀρεγόμεθα δὲ διότι δοκεῖ [sc. καλόν] μᾶλλον ἢ δοκεῖ διότι ὀρεγόμεθα· ἀρχὴ γὰρ ἡ νόησις. a, 26 : κινεῖ δὲ ὧδε [i. e. οὐ κινούμενον a, 25] τὸ ὀρεκτὸν, καὶ τὸ νοητόν κινεῖ οὐ κινούμενον. Cf. Bonitz, Metaph. II, p. 496. De an. III, 10, 433 a, 14 sqq., 22 : … νοῦς δὲ ὁ ἕνεκά του λογιζόμενος καὶ ὁ πρακτικός… καὶ ἡ ὄρεξις ἕνεκά του πᾶσα· οὗ γὰρ ἡ ὄρεξις, αὕτη ἀρχὴ τοῦ πρακτικοῦ νοῦ· τὸ δ’ ἔσχατον ἀρχὴ τῆς πράξεως… νῦν δὲ ὁ μὲν νοῦς οὐ φαίνεται κινῶν ἄνευ ὀρέξεως… Cf. 9, 433 a, 1-3 et De motu anim. 6, 700 b, 23 : … κινεῖ πρῶτον τὸ ὀρεκτὸν καὶ τὸ διανοητόν. Voir infra, n. 4.
  2. De an. III, 7, 431 a, 9 : ὅταν δὲ ἡδὺ ἢ λυπηρόν, οἷον καταφᾶσα ἢ ἀποφᾶσα [sc. ἡ τοῦ αἰσθάνεσθαι ἐνέργεια], διώκει ἢ φεύγει. Éth. Nic. VI, 2, 1139 a, 21 : ἔστι δ’ ὅπερ ἐν διανοίᾳ κατάφασις καὶ ἀπόφασις, τοῦτο ἐν ὀρέξει δίωξις καὶ φυγή…
  3. Éth. Nic. VI, 5, 1147 a, 25-31 ; De motu anim. 7, tout le début et particulièrement 701 a 32 : ποτέον μοι, ἡ ἐπιθυμία λέγει· τοδὶ δὲ ποτόν, ἡ αἴσθησις εἶπεν ἢ ἡ φαντασία ἢ ὁ νοῦς· εὐθὺς πίνει. Cf. De an. III, 11 s. fin. (434 a, 16-19).
  4. De an. III, 10, 433 a, 27 sqq. et surtout b, 13-21. Cf. De motu anim. 6, 700 b, 35 sq. : τὸ μὲν οὖν πρῶτον οὐ κινούμενον κινεῖ, ἡ δ’ ὄρεξις καὶ τὸ ὀρεκτικὸν κινούμενον κινεῖ.