Page:Hamelin - Le Système d’Aristote.djvu/379

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pour juger tous les autres, ce terme supérieur, c’est l’homme[1].

Nous savons que le véritable ouvrage d’Aristote sur les plantes est perdu (cf. p. 41). C’est donc seulement dans ses autres traités que nous trouvons, incidemment indiquées, ses opinions sur les végétaux. Ce qui caractérise les plantes, c’est que, tout en possédant les fonctions élémentaires de la vie, celles de se nourrir et de se reproduire, elles ne possèdent que celles-là, ou, en d’autres termes, n’ont qu’une âme végétative. Aussi leur essence est-elle douée d’une faible unité, leurs fonctions et leurs organes sont-ils peu différenciés, le plan de leur constitution, imparfait. Il y a des animaux inférieurs qu’on peut couper en plusieurs morceaux sans empêcher la vie de persister dans les morceaux : c’est que ces animaux ressemblent à une pluralité d’animaux juxtaposés et qu’ils ont en puissance plusieurs âmes. Cette manière d’être, exceptionnelle dans le règne animal, est au contraire constante chez les plantes. Le sommeil et la veille ne sont point chez elles différenciés ; les plantes vivent dans un sommeil perpétuel. Les fonctions et les organes sexuels sont chez elles réunis dans le même individu ; et en effet il n’y avait pas lieu à une différenciation plus grande, puisque la plante a exercé toute son activité et atteint tout son but, lorsqu’elle s’est reproduite. D’une manière générale, les organes de la plante sont simples, et la finalité naturelle, qui n’y est pas méconnaissable, ne s’y déploie pourtant pas avec la même précision que chez les animaux. Le plan de la structure de la plante est l’inverse de celui de l’animal, puisqu’elle a les racines, c’est-à-dire la bouche située vers le bas, disposition qui donne la plus mauvaise place à l’un des plus excellents entre les organes. Ajoutons enfin que les plantes sont surtout faites de terre, le plus inférieur des éléments[2].

L’animal se définit par la possession de l’âme sensitive. Il n’y a point d’animal qui n’ait au moins le toucher, et un grand nombre d’animaux, au-dessous de l’homme, se dis-

  1. Voir, sur ces divers points, Zeller, p. 501-505.
  2. Ibid., p. 509-512.