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dances calomnieuses de Timée, celles d’Épicure qui a violemment dénigré tous ses prédécesseurs et ses contemporains, sont trop connues et il y a dans ces témoignages trop peu de vraisemblance interne, pour qu’on puisse leur accorder la moindre créance.

Au sujet des rapports d’Aristote avec Platon, nous rencontrons d’autres assertions plus intéressantes, mais qui ne sont encore sans doute que des médisances. Ici le texte le plus autorisé provient d’Eubulide, le successeur d’Euclide dans l’école de Mégare. Mais l’acharnement calomnieux d’Eubulide contre son contemporain Aristote était bien connu (D. L. II, 109), et d’ailleurs ce texte, bien compris, ne renferme aucune articulation grave[1]. En outre, selon Diogène[2] et selon Élien (V. H. IV, 9 et III, 19), Aristote aurait, du vivant de Platon, élevé école contre école et même un jour, en l’absence de Xénocrate et de Speusippe, poursuivi de ses critiques le Maître, alors octogénaire, jusqu’à le forcer de quitter l’Académie[2]. Ces allégations n’auraient par elles-mêmes aucun poids si elles ne trouvaient, ou ne paraissaient trouver, un appui dans une assertion d’Aristoxène dans sa Vie de Platon. Mais Aristoclès, qui la rapporte, ne manque pas d’indiquer qu’il n’est pas du tout certain qu’il y soit question d’Aristote[3]. Il y a d’ail-

  1. Cette assertion d’Eubulide est rapportée aussi par Aristoclès ; voir le texte dans Zeller p. 10, n. 1. 1o Aristote, disait-il, n’était pas présent à la mort de Platon. C’est possible, mais il n’y aurait là rien de surprenant : Platon en effet est mort inopinément, scribens est mortuus, comme dit Cicéron, De Senect. 5, 13 (cf. Zeller, II, 1⁴, 427, 2). 2o D’autre part les mots τά τε βιβλία αὐτοῦ διαφθεῖραι ne signifient pas sans doute, au sens littéral, qu’il ait détruit les livres de son maître, mais, au figuré, qu’il les a déchirés, ce qui ferait allusion à l’âpre critique dirigée par Aristote contre son maître. — Sur l’animosité d’Eubulide à l’égard d’Aristote, cf. Zeller, ibid. 246, 7 (tr. fr. III, 230, 4) et infra, p. 28, n. 2 et p. 69.
  2. a et b Zeller, p. 10, n. 3 et p. 11, n. 2.
  3. Dans ce texte en effet (cf. Zeller, 11, 2) Aristote n’est pas nommé ; mais, au dire d’Aristoclès, quelques-uns voulaient que, dans la phrase : καὶ ἀντοικοδομεῖν αὐτῷ [sc. τῷ Πλάτωνι] τινας περίπατον ξένους ὄντας, le mot περίπατος se rapportât à Aristote. Or ce terme,