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coup devenue impossible. Il fallait donc qu’Aristote, dût-il pour cela se contenter de renouveler à sa façon les arguments de Platon, fît voir que l’attribution est possible. Nous ne disons pas qu’il était obligé, ni encore moins qu’il ait réussi, à montrer sur quoi se fonde, dans ce qu’elle a de positif, toute attribution non tautologique. Nous disons seulement qu’il lui fallait établir que l’attribution n’est pas impossible. Or, comme il nous l’indique lui-même dans le passage de la Physique que nous avons cité, les difficultés élevées contre la possibilité de l’attribution venaient de l’Éléatisme. Dans l’Éléatisme, elles venaient de la manière dont Parménide avait compris la contradiction. L’être est, disait-il, et tout ce qui est en dehors de lui, à un titre quelconque et en quelque sens que ce soit, tout cela est une négation absolue de l’être. Pour faire voir que l’attribution n’est pas impossible, Aristote était donc forcé de déterminer le sens de l’opposition contradictoire, et par suite il était même conduit à réfléchir sur l’opposition en général. Voilà pour quelles raisons nous trouvons chez lui toute une théorie de l’opposition.

En l’absence du περὶ ἀντικειμένων, dont il ne nous reste que bien peu de chose, les deux textes principaux relativement à cette théorie sont les chap. 10 et 11 des Catégories et le chap. 4 du livre Ι de la Métaphysique. Aux chap. 10 et 11, les ne sont plus, il est vrai, que ce qu’on a appelé les Post-prédicaments, et nous avons vu (p. 27) que les Post-prédicaments ne sont pas une partie intégrante du traité des Catégories, tel qu’Aristote l’avait primitivement écrit ou conçu. Mais le morceau qui nous intéresse porte tout à fait la marque aristotélicienne, et, si par hasard il n’était pas d’Aristote lui-même, il faudrait qu’il fût de Théophraste ou d’Eudème. On peut l’employer sans scrupule.

Il y a, nous dit Aristote, quatre sortes d’opposition : celle des relatifs, celle des contraires, celle de la privation et de l’habitude, celle de l’affirmation et de la négation. Le double et la moitié sont opposés comme des relatifs ; le mal et le bien, comme des contraires ; la cécité et la vue comme la privation et l’habitude ; « il est assis », « il n’est pas