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Cela me met en une peine extrême.
Quoi ! treize vers, huit en eau, cinq en ème.
Je lui ferois aussitôt un bateau.

En voilà cinq pourtant en un monceau.
Faisons en sept en invoquant Brodeau,
Et puis mettons, par quelque stratagème,
Ma foi, c’est fait.

Si je pouvois encor de mon cerveau
Tirer cinq vers, l’ouvrage seroit beau.
Mais cependant me voilà dans l’onzième,
Et si je crois que je fais le douzième.
En voilà treize ajustés au niveau.
Ma foi, c’est fait.

L’iambe. — Nous avons déjà dit un mot de l’iambe ; c’est un poème dans lequel un vers de douze syllabes alterne continuellement avec un de huit ; ses rimes sont croisées, en sorte qu’il est composé en réalité de strophes de quatre vers. Son étendue n’est pas limitée ; la pièce à laquelle nous avons emprunté un fragment (p. 73) se développe en 176 vers. L’iambe n’est devenu un genre que depuis André Chénier et Auguste Barbier.

Le sonnet. — Enfin le sonnet, originaire d’Italie, n’est entré dans la poésie française qu’au xvie siècle ; mais il y a eu tout de suite un grand succès, qui s’est maintenu au xviie siècle, pour reprendre au xixe après une éclipse pendant le xviii. Il est toujours très cultivé, bien qu’il lui arrive trop souvent, comme à la plupart des petits poèmes à forme fixe, de masquer l’absence d’inspiration sous des observances quasi mécaniques. Il se compose de quatorze vers, divisés en deux strophes de quatre vers sur deux rimes, et une de six vers sur trois rimes. La disposition des rimes doit être la même dans les deux stro-