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HISTOIRE

cédé en 1680 à M. de Laval, forcé à la retraite par son grand âge et ses infirmités. Cette longue querelle que nos historiens ont ignorée, car aucun d’eux n’en fait mention[1], souleva le clergé et le gouverneur contre le conseil dirigé par M. Dupuy. En général le gouverneur et l’intendant étaient opposés l’un à l’autre ; c’étaient deux rivaux attachés ensemble par la politique royale pour s’observer, se contenir, se juger ; si l’un était plus élevé en rang, l’autre possédait plus de pouvoir, si le premier avait pour courtisans les hommes d’épée, l’autre avait les hommes de robe et les administrateurs subalternes ; mais ce système en rassurant la jalousie du trône, devait désunir à jamais ces deux grands fonctionnaires, mal que rien ne pouvait compenser. Jusqu’à présent l’intendant s’est rangé du côté du parti clérical ; aujourd’hui M. Dupuy occupe la position du gouverneur qui s’est rallié au clergé.

L’évêque de Québec mourut en décembre 1727, pendant l’absence de M. de Mornay, son coadjuteur depuis 1713. M. de Lotbinière,

  1. J’en ai trouvé tous les détails dans les régistres du conseil supérieur, et dans une pièce consignée dans l’Appendice (B) de ce volume, découverte pur M. Faribault dans les archives provinciales. Les limites précises des pouvoirs du gouverneur et de l’intendant qu’on a eu tant de peine à fixer, sont indiquées avec clarté dans plusieurs documens de ce grand procès.