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DE L’ÉPAULE.

tions attribuées aux mains eussent été supprimées, de même que si vous remplaciez le bras par un long morceau de bois étendu depuis le cou jusqu’à l’hypocondre, sur la région moyenne du sternum ; au contraire, si le thorax eût été large chez les autres animaux, il n’eût pu fournir aux membres de devant un appui solide. La nature s’est donc, ici comme toujours, montrée parfaitement sage en donnant une poitrine large à un animal bipède et qui se tient droit, en écartant en dehors l’articulation de l’épaule, en faisant une poitrine en pointe aux animaux quadrupèdes, et en fixant l’omoplate sur le thorax pour affermir les jambes de devant.

La production de la clavicule est aussi une preuve de la même prévoyance de la nature. Comme il fallait que les omoplates fussent écartées en dehors, la nature a placé une clavicule entre l’os du sternum et l’extrémité de l’épine de l’omoplate ; et comme le sternum est long, car il s’étend depuis le bas du cou (fossette sus-sternale, σφάγη) jusqu’aux hypocondres, vous ne trouverez pas pour l’articulation de la clavicule une position plus favorable que celle qu’elle a actuellement. Là où elle s’articule, le sternum a la plus grande largeur et le plus de force, et il ne reçoit aucune côte ; son union avec l’omoplate se fait aussi dans le lieu le plus propice pour écarter convenablement les omoplates, pour protéger l’articulation elle-même, enfin pour éviter les luxations en haut. L’homme, lors même qu’il le voudrait, ne pourrait pas marcher sur les quatre membres, les articulations de l’omoplate étant très-éloignées du thorax. Le singe, qui pour tout le reste est une imitation risible de l’homme, ainsi que je l’ai dit plus haut (I, xxii ; III, xvi ; p. 162 et 276), devait naturellement l’être aussi par ses membres. J’ai dit, dans le livre consacré spécialement aux membres abdominaux (III, xvi — cf. Manuel des dissect., I, vi), combien la structure des jambes du singe s’éloigne de celle des jambes de l’homme, et j’ai établi (I, xii) que cette différence existait aussi pour les mains. C’est surtout par les omoplates et par les clavicules que le singe se rapproche de l’homme, bien qu’il ne doive pas lui être assimilé en ce point, eu égard à la rapidité de la marche. Sous ce rapport, il s’éloigne, en effet, des deux genres d’animaux, n’étant complétement ni bipède ni quadrupède. Comme bipède, il cloche, ne pouvant pas se tenir très-bien debout ; comme quadrupède, il est en quelque sorte estropié et lent dans sa marche,