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DES AFFECTIONS DE LA LANGUE.

l’encéphale souffre quelque chose de semblable à ce qu’éprouvent les objets rôtis devant le feu ; il se produit, dans ce cas, une fumée comme en dégage l’huile des lanternes. Cette fumée, s’insinuant par les vaisseaux qui aboutissent à l’œil, devient pour eux la cause des visions. En effet, vous avez vu, dans les dissections, qu’avec les nerfs descendent à l’œil des artères et des veines, issues de celles qui forment le plexus de la membrane choroïde. Mais terminons ici ce discours suffisamment étendu.

À l’égard des autres parties des yeux, disons immédiatement, et d’une façon générale, que notre but est maintenant d’indiquer le diagnostic, non des parties nettement visibles, qui ne conservent pas leur constitution physique, mais de celles dont l’affection ne se manifeste pas aux sens. En effet, dans les cas où l’on voit clairement qu’une partie de la pupille est rompue (procidence de l’iris), ou tiraillée de côté, ou dilatée ou resserrée contre nature (mydriasis ou myosis), cette affection n’exige aucune sagacité dans le diagnostic ; il appartient à l’art medical de savoir quelle est la diathèse qui l’a produite, et ce sujet a été traité dans notre ouvrage Sur les causes des symptômes. Je n’ai donc pas à m’occuper dans ce livre des parties affectées des yeux qui sont accessibles aux sens, non plus que des affections qui naissent dans ces parties. En effet, les noms des affections sont donnés dans un petit livre qui a pour titre : Diagnostic des affections des yeux. Les causes, comme je le disais, sont Indiquées dans le livre Sur les causes des symptômes (voy. Dissert. sur la pathologie).


Chapitre iii. — Des affections de la langue, et à ce propos définition et distinction des différentes affections du cerveau qui intéressent le mouvement et la sensibilité.


Il convient donc maintenant de passer à la langue. Nous voyons que dans la langue c’est tantôt le mouvement, tantôt le sens du goût qui est lésé, et tantôt, avec le sens du goût, celui du toucher. Or il n’existe pas des nerfs pour le toucher et d’autres nerfs pour le goût, comme pour le mouvement [et le sentiment]. En effet, les nerfs issus de la troisième paire (portion de la 5e paire des modernes ; voy. Util. des parties, IX, viii, t. I, p. 584) ont l’appréciation non-seulement des objets tactiles, mais encore des objets sapides. Le sens du goût est plus souvent lésé que celui du toucher,