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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, XII, xv.

rompu, ni même lésé par sa tension. Mais supposez-le un peu plus dur qu’il n’est, il s’opposera aux mouvements, il retiendra les vertèbres dans leur siége primitif, étant incapable de les suivre dans leur écartement ; supposez-le trop mou, s’il ne gêne pas leurs mouvements, il ne contribuera pas à conserver aux vertèbres la sécurité qu’elles trouvent dans leur assemblage. Dans l’état actuel, la mesure de la consistance de ce ligament s’accorde parfaitement avec les deux utilités. De même encore le ligament qui rattache les parties antérieures des vertèbres est doué de la juste consistance qui convient à ces parties. Je reviendrai un peu plus loin sur ces questions (voy. chap. xvi, p. 46, et la note 2 de cette page).

L’épine du rachis, outre les attributs qui lui ont été donnés, disions-nous, pour sa sécurité, présente encore, pour chacune des apophyses épineuses, une configuration en parfaite harmonie avec ces dispositions, puisque ces apophyses se dirigent, les supérieures de haut en bas, les inférieures de bas en haut[1] ; de sorte que l’épine ressemble, pour la forme, à ces constructions nommées voûtes. Nous avons dit souvent (cf. III, viii ; IV, vii ; VIII, xi ; t. I, p. 242, 259-60, 288, 560) que c’est, de toutes les figures, celle qui est le moins exposée aux lésions. Il ne faut donc plus s’étonner si, dans une seule vertèbre (la dixième vert. dorsalecf. XIII, ii, p. 49, et la Dissert. sur l’anat.), placée au centre du rachis [comme une clef de voûte], l’apophyse postérieure, qui forme l’épine, n’incline en aucun sens, ni vers le cou, ni vers les lombes, mais, dans sa projection en arrière, reste parfaitement droite. Cette disposition est le fait de la même prévoyance. Comment, en effet, pouvait-elle créer tout le rachis semblable à une voûte, à moins, c’est là mon avis, d’abord, de diriger en haut toutes les apophyses [épineuses] des parties inférieures, et en bas, les apophyses des parties supérieures, et ensuite, de

  1. Ce passage prouve bien évidemment encore que Galien décrit ici la colonne vertébrale du singe et non celle de l’homme. Chez l’un et chez l’autre, en effet, les courbures sont fort différentes ; c’est là un point qu’il sera plus facile de démontrer avec des figures que par une description ; je réserve donc cette démonstration pour la Dissertation sur l’anatomie. Disons seulement, d’une façon générale, que la portion dorsale du rachis est convexe en arrière chez l’homme et plutôt concave chez le singe, et que cette concavité entraîne précisément la double direction des apophyses épineuses que signale Galien.