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DU COU ET DU RESTE DE L’ÉPINE.

sence des phénomènes[1], la description et l’énumération, car il n’est pas de mot qui puisse représenter un phénomène aussi exactement que le toucher et la vue. Mais, puisque les objets à décrire nous manquent, bien que la difficulté de notre tâche en augmente, nous devons nous efforcer autant que possible de ne rien laisser d’obscur en commençant par un point quelconque.

Les muscles moteurs de la tête, dont le nombre est de vingt[2], et même davantage, et qui sont placés autour d’elle comme un chœur, exécutent chacun l’action qui leur est confiée. Il en existe huit aux parties antérieures, quatorze aux parties postérieures, en antagonisme direct les uns avec les autres ; deux muscles placés en outre de chaque côté, ceux-ci à droite, ceux-là à gauche, antagonistes aussi les uns des autres, tirent d’abord en avant tout le cou à eux, et avec le cou la tête tout entière. Nous avons, en effet, déjà démontré mille fois (cf. I, xix ; III, xvi ; XI, iv ; t. I, p. 155, 275 et 658 ; Mouv. des muscles, I, iv suiv.) que la nature, qui dispose équitablement toutes choses, a établi, en face de tout muscle qui exécute un mouvement, le muscle destiné à exécuter le mouvement inverse, car sans cette précaution le mouvement serait incomplet ou même entièrement aboli, attendu que chaque muscle a une action unique, c’est d’amener à lui (cf. XV, viii).

Des muscles releveurs et abaisseurs de la tête, huit petits sont disposés en arrière autour de l’articulation elle-même ; d’autres, plus grands que ceux-ci, sont étendus dans toute la longueur du cou ; par leurs premières fibres ils président aux mouvements de la tête seule, qu’ils exécutent à la première et à la seconde vertèbre ; par les suivantes ils meuvent les cinq autres vertèbres du cou. Parmi les huit petits muscles, quatre, deux de chaque côté, président au

  1. C’est-à-dire en ayant les animaux sous les yeux ; mais comme Galien ne se proposait pas de faire ici une démonstration anatomique, et qu’il écrit pour être lu, pour ainsi dire, dans le cabinet, il ne peut que rappeler des dispositions qu’il suppose connues par la dissection.
  2. Les textes imprimés portent εἴκοσιν ὀκτώ (vingt-huit) ἢ πλείους, mais il paraît évident, par l’énumération qui suit et par les descriptions que renferme tout ce chapitre, qu’on doit seulement compter vingt-six muscles ; d’un autre côté, Galien ne veut donner ni ici ni plus loin (p. 24, lignes 9-10) le nombre juste, mais le nombre approximatif ; aussi ne doit-on pas, ce me semble, lire avec Cornarius εἴκοσι ἕξ, mais εἴκοσι ἢ πλείους avec B.