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DES FACULTÉS RÉTENTIVE ET EXPULSIVE.

sance même doit avoir un but, et, ce but obtenu, alors le moment arrive pour la faculté excrétoire de s’exercer.


Chapitre vii. — Conditions que l’estomac remplit pour être en état de dompter (altérer) les aliments. — C’est bien par la puissance de l’estomac, contrairement à l’opinion d’Asclépiade, que se manifeste et se juge l’altération des aliments. Érasistrate est encore plus absurde sur ce point qu’Asclépiade ; du reste il n’a guère fait que disputer sur le mot de coction et de cuisson.


Si l’estomac retient et s’il jouit, c’est pour le but en vue duquel il a été créé. Or il a été créé pour recueillir ce qui, par sa qualité, lui convient et lui est approprié (cf. Util. des parties, IV, vii, p. 287). Ainsi il attire sous forme de vapeur et successivement toute la partie la plus utile des aliments, et cette partie il la dépose et l’applique sur ses tuniques. Quand il en est suffisamment saturé, il rejette comme un fardeau le reste des aliments qui a pris des qualités utiles par ses rapports avec l’estomac. Il n’est pas possible que deux corps propres à exercer ou à subir une action, venant à se rencontrer, ne la subissent ou ne l’exercent en même temps, ou du moins que l’un des deux ne l’exerce, et que l’autre ne la subisse. Si leurs facultés sont égales, ils l’exerceront et la subiront également. Si le corps actif surpasse l’autre en force et le domine, il agira sur le corps passif ; son action sera donc grande et sensible. Pour celui-ci, l’action subie sera petite, insensible ou entièrement nulle. C’est là la différence capitale du poison et de l’aliment. L’un triomphe de la faculté du corps, tandis que l’autre est dompté par elle. Ainsi l’aliment ne saurait convenir à l’animal, quand il ne peut être dompté par les qualités du corps ; or, être dompté, signifie être altéré. Certaines parties du corps possédant des facultés plus puissantes et d’autres des facultés plus faibles, toutes dompteront l’aliment propre à l’animal, mais toutes ne le dompteront pas également. L’estomac domptera et altérera l’aliment, mais non pas de la même manière que le foie, les veines, les artères et le cœur. Examinons ici jusqu’à quel point il l’altère : il l’altère plus que la bouche, moins que le foie et les veines. En effet, l’altération subie dans ces derniers organes le transforme en la substance du sang ; celle de la bouche lui donne évidemment un autre aspect, mais ne le transforme pas complètement. C’est ce qu’on peut voir en examinant les parcelles