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DES FACULTÉS NATURELLES, II, ix.

devient malade, nécessairement sa faculté s’exerce mal et il en résulte un sang plus épais et plus noir. Toutes ces notions, si utiles pour le diagnostic et le traitement des maladies, Érasistrate saute par-dessus complétement, et il feint le dédain pour des hommes si illustres, lui qui, loin de mépriser les moins recommandables adversaires, contredit toujours avec chaleur les opinions les plus ridicules. Cela prouve que n’ayant rien à répondre aux démonstrations des anciens auteurs sur les fonctions et les utilités de la rate, et ne trouvant lui-même aucune idée nouvelle, il s’est décidé à n’attribuer aucune fonction à la rate. Pour nous, nous avons démontré d’abord par les causes qui régissent toutes choses, chez les êtres animés, je veux dire par le chaud, le froid, le sec et l’humide, en second lieu par des faits évidents, qu’il doit exister dans le corps une humeur froide et sèche. Ensuite, après avoir rappelé aussi brièvement que possible, en citant les démonstrations des anciens, que cette humeur est la bile noire et que le viscère qui la purifie est la rate (cf. Util. des parties, IV, iv ; t. I, p. 319), nous arrivons à ce qu’il nous reste à dire du sujet actuel.

Que nous reste-t-il à dire sinon à expliquer ce que les anciens entendent et démontrent touchant la génération des humeurs. Un exemple éclaircira mieux la chose : imaginez un vin doux exprimé récemment des grappes, fermentant et altéré par sa chaleur naturelle ; puis ce changement produisant deux superfluités, l’une plus légère et plus semblable à l’air, l’autre plus lourde et plus semblable à la terre ; supposez que l’on nomme, je crois, la première fleur, la seconde lie, vous pouvez comparer sans vous tromper la bile jaune à l’une de ces substances et la bile noire à l’autre, ces deux humeurs n’ayant pas, quand l’animal est dans son état naturel, l’aspect qu’elles trahissent souvent quand cette économie est troublée. Dans ces cas la bile jaune devient vitelline. C’est ainsi qu’on la nomme, parce qu’elle ressemble par la couleur et l’épaisseur au jaune d’œuf. La bile noire devient, elle aussi, bien plus pernicieuse qu’elle n’était dans l’état naturel. Cette humeur n’a pas reçu de nom spécial. Quelques-uns l’appellent mordicante ou acide, parce qu’elle devient âcre comme du vinaigre, qu’elle mordille le corps de l’animal et de la terre, si elle y est répandue, et qu’elle excite une sorte de fermentation et de bouillonnement, d’où jaillissent des bulles d’air quand une nouvelle