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DES FACULTÉS NATURELLES, I, xiii.

mal, il condamnera sévèrement, j’en ai l’assurance, la témérité d’Asclépiade. S’il se rend aussi compte de la cause pour laquelle rien ne remonte de la vessie dans les uretères, cet examen seul lui suffira, je pense, pour se convaincre de l’habileté et de la prévoyance de la nature à l’égard des animaux. Aussi Hippocrate, le premier des médecins et des philosophes que nous connaissions, et le premier qui ait étudié les œuvres de la nature, l’admire et la célèbre partout, la nommant équitable (voy. t. I, note de la page 115) ; « seule, dit-il, elle suffit à tous les besoins des animaux, et sans instruction elle fait par elle-même tout ce qui est nécessaire. » La nature se montrant telle, il conclut qu’elle a des facultés, l’une attractive des choses propres ; l’autre expulsive des choses contraires ; il pense qu’avec ces facultés elle nourrit et accroît les animaux, et qu’elle détermine les crises des maladies. En conséquence, il déclare qu’il existe dans nos corps unité de souffle et unité de flux, et que tout y est en sympathie (rapport de solidarité. — Voy. De l’alim., p. 382, éd. Foës).

Suivant Asclépiade, aucune partie n’a de rapport avec une autre, toute substance étant naturellement divisée et réduite en éléments incohérents et en particules sur lesquelles on a discuté ridiculement. Aussi admet-il nécessairement une foule d’autres hypothèses en opposition avec l’évidence et ne reconnaît-il pas dans la nature la faculté attractive des choses propres et expulsive des choses contraires. À propos de la sanguification et de la distribution des aliments, il fait de froides plaisanteries. Ne trouvant absolument rien à dire touchant l’expulsion des superfluités, il n’hésite pas à combattre les faits. Ainsi, au sujet de l’expulsion de l’urine, dépouillant de leur action les reins et les uretères, il suppose que certains conduits invisibles se rendent dans la vessie.

Certes, il y avait de la grandeur et de la noblesse à rejeter les faits évidents pour ajouter foi à des choses obscures ! Au sujet de la bile jaune il pousse plus loin encore son audacieuse et juvénile témérité. Il prétend qu’elle est engendrée et non pas sécrétée dans les conduits cholédoques. Comment donc alors voit-on chez les ictériques coïncider ces deux circonstances : des déjections absolument exemptes de bile, et un corps tout entier rempli de bile ? Ici encore il est contraint de recourir à des subtilités semblables