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DES FACULTÉS NATURELLES, I, x-xi.

C’est la première cause de l’existence de nombreux organes servant à l’altération des aliments (cf. Utilité des parties, IV, xii, p. 306).

Une autre cause est la nature des superfluités. Nous ne trouvons pas dans l’herbe une nourriture réelle, bien que les troupeaux s’en nourrissent ; et si les raiforts nous servent d’aliments, ils ne nous profitent pas à l’égal de la chair. Pour celle-ci, en effet, notre nature en triomphe en l’assimilant à peu près tout entière ; elle la transforme, l’altère, et fait d’elle un sang utile. Quant aux raiforts, la portion spéciale susceptible d’être transformée, et cela avec beaucoup de peine et avec une élaboration considérable, est excessivement minime. Elle passe presque tout entière en excréments, et traverse les organes de la coction, n’abandonnant aux veines que très-peu de sang, et encore un sang qui n’est pas entièrement utile. La nature avait donc besoin d’une seconde séparation pour les superfluités contenues dans les veines ; et à leur tour ces superfluités réclament certains canaux propres à les amener au lieu d’excrétion, sans préjudice pour les portions utiles, et des réservoirs comme des viviers capables de les rejeter quand une quantité assez considérable serait venue s’y accumuler. Vous avez donc ainsi la seconde espèce des parties du corps destinée aux superfluités des aliments.

Il existe une troisième espèce pour le transport dans tous les sens, et qui consiste en une foule de routes percées à travers tout le corps. En effet, il n’y a qu’une entrée pour les aliments, la bouche ; or ces aliments doivent nourrir, non pas une seule partie, mais des parties très-nombreuses et très-éloignées. Ne vous étonnez donc pas de la multitude des organes que la nature a créés en vue de la nutrition. Les uns préparent, en l’altérant, la nourriture propre à chaque partie, les autres séparent les superfluités ; ceux-ci les amènent, ceux-là les reçoivent, d’autres les rejettent, d’autres enfin servent à porter dans tous les sens les humeurs utiles. Si donc vous vouliez connaître toutes les facultés de la nature, il vous faudrait examiner chacun de ces organes. Le principe de cette étude, c’est la connaissance des œuvres de la nature et aussi la connaissance des parties et de leurs facultés qui se rapprochent du but qu’elle avait en vue.