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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, XVI, x.

l’intervalle le plus court. C’est pourquoi la partie de l’artère qui pénètre dans le rein droit naît plus haut que celle qui se rend au rein gauche, parce que, nous l’avons démontré précédemment (V, vi ; t. I, p. 353), la position des reins eux-mêmes était inégale. Il n’est donc pas étonnant que les artères qui vont au thorax, la gauche comme la droite, naissent au même endroit, et que la branche destinée au rein droit soit plus élevée que celle destinée au rein gauche, conformément à la place de chacun des organes qui devaient les recevoir.

Ce qui est plus digne de remarque, c’est qu’après les artères qui vont aux reins se trouvent les artères qui vont aux testicules (artères spermatiques) : l’une, issue du côté gauche, emprunte toujours quelque chose à l’artère qui va aux reins (c’est-à-dire reçoit une branche anastomotique), parfois même elle vient exclusivement de l’artère rénale, tandis que l’artère du côté droit, toujours issue de la grande artère elle-même, reçoit parfois un rameau de l’artère qui va aux reins. La nécessité pour ces artères de se charger d’une matière impure et séreuse a été démontrée dans le quatorzième livre (chap. vii, p. 104 suiv.). Quand elles approchent des testicules, elles forment mille circuits variés : c’est un fait déjà énoncé dans ce même livre (chap. x, p. 114), et qu’il n’est pas inutile de rappeler ici, afin qu’un principe, disions-nous plus haut (chap. ix, p. 183) ; observé constamment par la nature dans toutes les parties de l’animal ne paraisse pas avoir été parfois violé faute d’une explication convenable. La nature, qui, disais-je, amène à toutes les parties par le plus court chemin des artères et des veines, en amène aux testicules et aux mamelles (ce sont les seules parties qui soient dans ce cas), non des vaisseaux les plus proches, mais de ceux qui sont éloignés ; ce n’est pas qu’elle oublie son but primitif, c’est qu’elle en adopte un autre préférable. En effet, le lait et le sperme sont produits par un sang parfaitement élaboré. Cette élaboration parfaite résulte de leur séjour prolongé dans le vaisseau qui les apporte. Or, ce séjour est nécessairement prolongé dans les plus longs vaisseaux, et les plus longs sont toujours ceux qui viennent de loin. C’est donc avec raison que dans les testicules et les mamelles la nature amène le sang et le pneuma, non des vaisseaux proches, mais en mettant la plus grande distance possible entre le point de départ et celui d’arrivée. Et