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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS, XI, xii-xiii.

tion de l’ouïe, plaçait derrière ses oreilles, ses mains fermées en creux et repliées d’arrière en avant, pour entendre plus aisément. Aristote (Part. anim., II, xi ; Gener. anim., V, ii) a aussi remarqué à ce propos que les ânes, les chiens et tous les autres animaux doués de grandes oreilles, les redressent et les tournent toujours du côté du bruit et de la voix, instruits qu’ils sont par la nature de l’utilité des parties. Mais chez les hommes, des oreilles aussi grandes les gêneraient pour se couvrir la tête de chapeaux, de casques ou d’autres coiffures, ce qu’ils devaient faire si fréquemment, car, même chez les chevaux de bataille, qui ont des oreilles beaucoup plus petites que les ânes, on est gêné par la grandeur de ces oreilles quand il faut leur couvrir la tête. Chez l’homme, donc, il était préférable que les oreilles ne s’étendissent et ne couvrissent les conduits qu’autant qu’elles le font maintenant. Car de cette façon, en même temps qu’elles répercutent le son et protègent le conduit, elles n’empêchent aucunement d’appliquer une coiffure sur toute la tête. C’est donc avec raison qu’elles sont complétement immobiles ou susceptibles d’un mouvement léger et imperceptible. En effet, petites comme elles sont, leur mobilité eut été pour nous d’un avantage bien faible ou même complètement nul[1]. Si elles sont convexes extérieurement et creuses intérieurement, c’est pour que rien ne s’introduise dans le conduit auditif et qu’elles ne soient pas lésées facilement ; car souvent déjà nous avons dit (voy. par ex., I, xi, p. 131 ; VIII, xi, p. 559-560 ; X, vi) que la figure ronde était de toutes la moins susceptible de lésions. C’est encore en vue de la même utilité que les deux oreilles sont sinueuses ; de cette façon, en effet, elles peuvent se

    par ce passage qu’au temps de Galien, non-seulement on n’avait pas encore inventé le cornet acoustique, mais même que l’usage de mettre sa main derrière son oreille pour renforcer les sons n’était pas répandu ; le geste est cependant pour ainsi dire naturel.

  1. On distingue parmi les muscles extrinsèques de l’oreille externe un élévateur, un rétracteur ordinairement multiple, et un protracteur ; mais il n’y a, comme le remarque Theile (Myologie, p. 16, dans Encyclop. anat.), qu’un petit nombre de sujets, surtout chez les peuples civilisés, sur lesquels on puisse apercevoir l’action de ces muscles. Personne, ajoute-t-il, n’a peut-être encore observé celle du protracteur. Quant à l’action des muscles intrinsèques, elle est encore plus problématique.