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DE LA FACE.

que suggère la première idée, mais ce qui est conforme à la fonction, à l’utilité ; or, c’est là, je pense, l’œuvre d’une divine équité, d’inventer ce qui est nécessaire, de le distribuer à chacun selon son mérite, et de ne rien créer de plus ou de moins que ce qui est convenable. Or, il eût été superflu que le muscle temporal fût grand, quand il devait mouvoir une petite mâchoire. Il y aurait défaut s’il n’eût pas été grand, quand il doit mouvoir une grande mâchoire. Or, aucun animal n’a [comparativement] une mâchoire plus petite que l’homme, ni plus grande que l’âne et le cheval. C’est donc avec raison que les muscles moteurs des mâchoires ont été créés chez l’homme très-petits, et très-grands chez ces animaux.

Pourquoi la mâchoire inférieure a-t-elle été créée si grande chez les porcs, les ânes, les bœufs, les chevaux, si petite chez les hommes, les singes, les cèbes et les lynx, d’une dimension moyenne dans d’autres animaux, c’est ce que nous avons dit précédemment (VIII, i, p. 526), quand nous démontrions que les animaux, pourvus de mains comme est l’homme, ou d’une sorte de mains comme les singes, n’ont pas besoin de se baisser pour prendre leur nourriture avec la bouche, que ceux qui en sont dépourvus, comme les chevaux, ont un cou plus grand et conséquemment une plus longue mâchoire ; les oiseaux à longues jambes ont aussi un long cou et un bec allongé, parties dont ils doivent se servir en guise de mains pour se fournir d’aliments. Mais la nature ayant coutume de s’éloigner peu à peu des extrêmes dans les genres d’animaux (c’est-à-dire, de passer graduellement d’une espèce à une autre), comme Aristote l’a justement démontré, (Hist. anim., VIII, i, § 2-3 ; cf. dans ce vol. la note de la p. 326), les singes sont en conséquence les premiers animaux qui, après les hommes, ont la mâchoire allongée. Car souvent déjà nous avons démontré, dans ce qui précède (I, xxii ; III, xvi ; cf. aussi XIII, xi), que le singe est une copie ridicule de l’homme.

Puis vient une seconde espèce, puis une troisième, puis toutes les autres, successivement selon la proximité du rang ; naturellement aussi les animaux placés entre ceux qui ont des mains et ceux qui en sont complétement dépourvus, comme les animaux appelés carnassiers et onguiculés (σκιζόποδα, aux pieds fendus),