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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, X, xiv-xv.

l’estomac chargé d’aliments liquides et solides ; ils ne sont pas flottants et ne sont pas distants de leur principe. Si même une de ces conditions existait, du moins les muscles qui enveloppent les nerfs, et avant eux le prolongement de la dure-mère ayant plus d’épaisseur et de dureté sur ces nerfs que sur tout autre, suffiraient à les protéger. En effet, avant de sortir du crâne, les nerfs n’auraient pas eu à souffrir, non plus que l’encéphale lui-même, bien que perpétuellement ébranlé, ni les apophyses qui se rendent au nez (nerfs olfactifs), quoique minces, molles et allongées.

Ces raisonnements, comme je le disais, peuvent être employés par quiconque le veut. Pour moi qui n’y avais pas grande confiance, étant convaincu que la nature ne fait rien en vain, je cherchai longtemps la cause d’une position semblable des nerfs et je crois l’avoir trouvée, d’autant plus qu’un Dieu a jugé cette découverte digne d’être révélée (voy. p. 646). Avant d’avoir reçu son ordre, car la vérité est exigée d’un homme qui prend à témoin les Dieux mêmes, je ne voulais pas publier ce raisonnement, afin de ne pas m’attirer le ressentiment de la multitude disposée à tout plutôt qu’à prêter son attention à la géométrie ; j’avais l’intention après avoir énoncé les trois opinions décrites, de désigner comme la plus plausible celle qui affirme que c’est pour éviter une rupture que les conduits sont obliques, et d’ajouter moi-même à ce fait comme expression de la vérité qu’il était préférable, que le pneuma, dérivant de l’encéphale dans chaque œil, se rendît, au cas où l’un de ces yeux serait ou fermé ou complètement perdu, tout entier dans l’autre œil. La puissance visuelle étant, en effet, ainsi doublée, l’œil devait mieux voir. C’est ce qui paraît évidemment avoir lieu, car si vous voulez étendre sur votre nez dans sa longueur entre les yeux une planchette de bois ou votre main même, ou toute autre chose qui puisse empêcher les yeux de voir à la fois chacun des objets extérieurs, vous ne verrez qu’imparfaitement avec l’un ou l’autre œil. Fermez un œil, vous verrez beaucoup plus nettement, comme si la puissance visuelle jusqu’alors partagée passait dans l’autre œil. Je ne voulais citer que cette utilité de l’union des conduits, utilité elle aussi bien réelle. Mais comme je l’ai déjà démontré par maints exemples (voy. particul. livre VI, chap. iii ; VII, xxii, et VIII, i), la nature a créé certaines choses dans un but principal et d’autres dans un but accessoire ; ainsi dans ce cas