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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, X, xiii.



Chapitre xiv. — Raisons pour lesquelles la nature a fait partir les nerfs optiques de deux points du cerveau, pourquoi les a-t-elle ensuite réunis pour les séparer de nouveau ? — Opinions diverses sur la jonction (chiasma ou commissure) des nerfs optiques ; fausseté ou insuffisance de ces opinions. — La vraie raison révélée à Galien par un Dieu, c’est que les objets auraient été vus doubles si le chiasma des nerfs optiques n’eût pas existé.


Pourquoi la nature n’a-t-elle pas immédiatement donné aux conduits (nerfs optiques) un seul principe à l’encéphale même ? pourquoi, après avoir engendré l’un à sa partie droite, l’autre à sa partie gauche, les a-t-elle réunis et anastomosés au milieu de la région ? C’est ce qu’il faut expliquer à présent.

Il n’était pas possible d’engendrer en cet endroit, je ne dis pas des nerfs aussi grands que sont chacun de ceux-ci, mais même des nerfs beaucoup plus petits. En effet, l’entonnoir (infundibulum), décrit dans un des livres précédents (IX, iii), renfermant le conduit qui attire chez lui (c.-à-d., sur l’entonnoir même) les impuretés de l’encéphale, se trouve en cet endroit, et il était impossible qu’il fût plus avantageusement placé ailleurs, puisqu’il doit verser dans le palais toutes les superfluités ; d’après le même raisonnement il n’était pas possible non plus que les conduits qui se rendent de l’encéphale aux narines fussent établis en un autre lieu, ni qu’ils prissent naissance de parties différentes de l’encéphale ; en effet, le nez étant situé au milieu de la face, il fallait assurément que les conduits qui s’y rendent occupassent le centre de la partie antérieure de l’encéphale.

Si donc il n’était préférable d’établir ailleurs ni ces conduits, ni l’entonnoir, et si avec la place qu’ils occupent actuellement, il n’était pas possible que les nerfs dérivassent de la région moyenne de l’encéphale, il est dès lors évident qu’il valait mieux les faire partir isolément d’un autre endroit pour les réunir ensuite a un même point, après leur avoir fait parcourir un court trajet. Vous apprendrez à propos de leur production une autre œuvre plus admirable de la nature, qu’il m’a paru plus convenable d’expliquer au livre XVI [chap. iii.], dans l’anatomie des nerfs.

Quant à moi, j’ai accompli l’ordre de la Divinité (voy. chap. xii, p. 637, l. 9 et p. 644 l. 15), et ce développement, loin d’être inutile, aura un résultat avantageux, si, un jour, il fait abjurer aux