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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, X, xii.

les ayez ainsi comprises tout d’abord, soit qu’il vous faille y revenir à plusieurs fois, si vous voulez passer à ce qui suit, sachez d’abord que chacun des objets vus, n’est pas vu seul ni isolé, mais qu’on aperçoit quelque chose autour de lui, une partie des rayons qui l’enveloppent (αβ, αγ), tombant parfois [en se prolongeant βζ, γη] sur un des corps placés au delà de l’objet en question (δε), et parfois sur un corps situé près de lui. Sachez encore que l’objet vu par l’œil droit seul, si cet objet est proche, paraît plutôt situé du coté gauche ; s’il est éloigné, plutôt du côté droit ; que l’objet vu par l’œil gauche seul, s’il est proche, se voit plutôt à droite, et plutôt à gauche, s’il est éloigné [bien que dans les deux cas l’objet soit sur la même ligne] ; que l’objet vu par les deux yeux paraît au milieu. Il faut savoir en troisième lieu que si la pupille d’un des yeux est comprimée, ou déviée soit en haut soit en bas, on aperçoit doubles les objets que jusqu’alors on voyait simples.

Que, les mathématiciens, qui savent ces choses déjà depuis longtemps, me permettent en faveur du grand nombre, d’expliquer brièvement chacune de ces propositions, soit d’abord la première : Qu’on aperçoit absolument quelque chose tout autour de l’objet [fixé] et que tous les autres objets [visibles] se voient auprès (voy. la fig. 3).

Supposez la pupille au point α, l’objet vu est βγ ; de la pupille α tombent les rayons sur chaque côté βγ. Placez au delà de βγ l’objet δε. Prolongez les rayons αβ αγ, et qu’ils tombent sur δε en ζη, il est évident qu’on verra l’objet βγ dans la direction de l’objet ζη. Pour cette raison l’objet ζη sera si bien caché qu’on ne le verra en aucune façon. Mais les objets situés de chaque côté, savoir δζ et εη paraissent visibles à côté de βγ, et, d’une autre façon, nous dirons que βγ se voit encore près de l’un et de l’autre. Telle est l’explication de la première des questions proposées.

Nous arrivons à la seconde : Que l’objet n’est pas vu par un œil au même endroit que par l’autre œil, ni par les deux yeux au même endroit que par un seul œil, mais que l’œil droit voit à un endroit, l’œil gauche à un autre, et que les deux ensemble voient encore à un troisième. Voilà ce que nous allons exposer maintenant (voy. fig. 4). Soit en effet la pupille droite au point α ; la pupille gauche au point β, et soit γδ l’espace vu par chacune des pupilles. Les rayons tombent en γδ, et une fois tombés sont prolongés [en θη et εζ]. L’espace γδ sera vu par la pupille droite selon la direction de l’espace