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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, X, x-xi.

nerait pas celui de l’autre : dans cette prévision, la nature munissant la paupière du tarse dur et cartilagineux y a attaché les extrémités des deux muscles. De même que si vous prenez par n’importe quel bout une baguette recourbée, et que vous la tiriez, elle obéit tout entière à ce mouvement de traction ; de même le tarse obéit à la tension de l’un ou l’autre muscle. C’est la troisième et la plus grande utilité de la génération du tarse, dont tout à l’heure (chap. vii, p. 627) j’avais ajourné l’explication. Telles sont les parties de la paupière supérieure.


Chapitre x. — Que la paupière inférieure est dépourvue de muscle propre et par conséquent de mouvement d’élévation et d’abaissement, raison de cette particularité (voy. p. 630 et note 1 ; cf. Hoffmann, l. l., p. 234). — Pourquoi la paupière inférieure est plus petite que la supérieure.


Pourquoi le mouvement n’existe-t-il pas aussi dans la paupière inférieure, créée pour le même usage [que la supérieure], et offrant aux muscles une place non moins convenable ? La nature paraîtrait injuste à cet égard, si, pouvant attribuer à chacune des paupières la moitié de tout le mouvement, elle l’eût donné sans partage à l’une d’elles ; elle ne paraîtrait pas injuste en cela seulement, elle le paraîtrait non moins encore en créant beaucoup plus petite la paupière inférieure ; car il semblerait nécessaire que les paupières, comme les oreilles, les lèvres et les ailes du nez, jouissent toutes deux d’une grandeur et d’un mouvement égal ; leur position motive la différence : en effet, si la paupière inférieure était plus haute qu’elle n’est effectivement, elle ne serait pas en même temps fixe, mais, se repliant sur elle-même, elle se plisserait, deviendrait lâche, s’écarterait de l’œil, et, ce qu’il y a de plus grave, il s’y accumulerait de la chassie, des larmes, et toute autre matière semblable difficile à expulser. Il était donc préférable qu’elle fut créée petite, car ainsi faite elle presse toujours l’œil, se moulant sur lui, l’embrassant exactement et en exprimant sans peine toutes les superfluités. Dans ces conditions, la paupière inférieure évidemment n’avait en rien besoin de mouvement.

Les plus habiles anatomistes paraissent avoir, dans ce que j’ai rapporté plus haut, reconnu et exposé convenablement l’art déployé par la nature dans les paupières.

Je leur donnerais mon entier assentiment, si j’étais sûr d’avoir