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DES YEUX ET DE LEURS ANNEXES.

du nerf mou (nerf optique), relevant, haussant l’œil et le roulant un peu[1]. En effet ce nerf mou se fût aisément rompu, étant violemment ébranlé en cas de fortes chutes sur la tête, s’il n’eût été consolidé de toutes parts, environné et protégé de toutes façons.

Quelqu’un se montre-t-il à vous avec un œil saillant, s’il voit encore et que l’accident ne résulte pas d’un coup, sachez que le nerf mou chez cette personne s’est allongé, attendu que le muscle paralysé est incapable de le maintenir, de l’arrêter, de le presser. Si l’individu ne voit plus, c’est que déjà le nerf optique est affecté. Quand l’œil fait saillie par suite d’un coup violent, et s’il voit encore c’est que le muscle est rompu ; s’il ne voit plus, c’est que le nerf est rompu également. Ce muscle donc créé pour cet usage, embrassant circulairement toute la racine de l’œil, est regardé comme triple par certains anatomistes, comme double par d’autres ; ils le divisent d’après certaines insertions et certaines cloisons fibreuses. Mais qu’on veuille regarder ce muscle comme formé de plusieurs muscles, qu’on dise qu’il y a trois muscles ou deux, l’unique usage de ce muscle ou de ces muscles est celui que nous venons d’indiquer.


Chapitre ix. — De l’artifice employé par la nature pour opérer le mouvement de la paupière supérieure. — Sortie contre les sophistes qui, niant les phénomènes les plus manifestes, osent soutenir que le mouvement de la paupière supérieure est involontaire. — Des deux muscles (moitiés droite et gauche du segment supérieur de l’orbiculaire des paupières ?) chargés de relever et d’abaisser cette paupière. — Galien n’a pas reconnu l’élévateur propre dont le ventre charnu est très-mince et dont la terminaison aponévrotique se confond facilement avec les diverses membranes qui constituent ou doublent la paupière ; il soutient même qu’une telle disposition ne saurait avoir lieu (voy. p. 632).


Telle est la grandeur et l’importance des œuvres de la nature dans la structure des yeux. Il nous reste encore à parler d’un fait aussi digne d’admiration que tous ceux que nous avons décrits. Le mouvement des paupières devait aussi nécessairement dépen-

  1. Ce muscle propre aux mammifères est une conséquence de leur position penchée qui expose ainsi le globe de l’œil à des déplacements hors de l’orbite. Chez les ruminants et les chevaux il forme un entonnoir et s’étend dans tout l’intervalle qui est entre les quatre muscles droits. Chez les singes (excepté les orangs chez lesquels ce muscle n’existe pas) il est très-mince et se compose d’un petit nombre de fibres. Plusieurs espèces d’animaux, par exemple, les carnas-