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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, X, viii-ix.

gence ne se peuvent trouver en Celui qui déploie tant de sagesse et à la fois tant de prévoyance dans toute la conformation de l’animal.

Quels sont donc, disons-nous, les principes de l’optique qu’il doit connaître et les moyens d’arriver au mieux ? Tout objet n’est pas visible à l’œil dans toute position, comme tout son est perçu par l’oreille dans toute position. En effet, un objet placé obliquement, en arrière, en haut, en bas, en un tout autre sens que droit devant la pupille, n’est pas visible. Si donc les yeux avaient été créés complétement immobiles ou voyant seulement en ligne droite, nous verrions excessivement peu. C’est pourquoi la nature les a faits capables de tourner dans un rayon étendu et en même temps a rendu le cou très-flexible ; c’est pour cela qu’il a été créé deux yeux et à une distance notable l’un de l’autre. Les personnes privées d’un œil ne voient donc pas les objets placés en face de cet œil, même s’ils sont proches.

Si donc les yeux devaient se mouvoir par notre volonté, si tous les mouvements de ce genre s’opèrent par des muscles, il convenait évidemment que le Créateur entourât les yeux de muscles ; or il ne nous sied pas de constater ainsi simplement leur utilité, nous devons encore indiquer leur nombre et rappeler leur grandeur et leur situation. Si donc il existe quatre mouvements des yeux, soit ramenés intérieurement du côté du nez, soit écartés extérieurement vers le petit angle, ou élevés en haut vers les sourcils, ou abaissés vers les joues, il était raisonnable que les muscles qui devaient présider à ces mouvements fussent en nombre égal. Il en existe en effet deux aux côtés (droits interne et externe), chacun à un angle ; deux autres, l’un en bas, l’autre en haut (droits inférieur et supérieur). Les aponévroses de tous ces muscles forment un cercle large, cercle tendineux, qui aboutit à l’iris (voy. chap. ii, p. 612 et la note, et p. 614, note 1).

Comme il était mieux que l’œil eût encore un mouvement de rotation, la nature a créé deux autres muscles situés obliquement chacun au milieu d’une paupière, s’étendant d’en haut et d’en bas vers le petit angle (obliques supér. et infér.). Aussi avec l’aide de ces muscles nous tournons et nous portons aisément l’œil de tous les côtés. Il existe encore à leur racine un autre grand muscle (suspenseur ou choanoïde) qui serre et qui protège l’attache