Page:Galien-Oeuvres anatomiques physiologiques et médicales-T1-1854.djvu/659

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
627
DES YEUX ET DE LEURS ANNEXES.

vexité formée par le double repli [du périoste] ; elle a été créée pour cet usage et pour deux autres encore, dont j’exposerai tout à l’heure (chap. ix, p. 633, lignes 3 et suiv.) le plus important et le plus ingénieux. Quant au moindre, le voici : Ce tarse est percé de petits trous, d’où naissent les poils des paupières, poils auxquels le tarse, vu sa dureté, fournit une base et une position droite. Car s’il était mieux que les poils des sourcils fussent abaissés les uns sur les autres, il était préférable aussi de maintenir ceux des paupières toujours droits et rigides. Ils devaient surtout, avec leur structure actuelle, remplir l’un et l’autre usage pour lequel ils ont été créés, ceux des sourcils arrêtant les corps qui descendent le long du front et de la tête avant qu’ils tombent dans les yeux, ceux des paupières empêchant le sable, la poussière, les petits insectes, de pénétrer dans l’œil, sans que les uns ni les autres l’incommodent.

Une des choses les plus admirables dans la nature, c’est qu’elle n’a dirigé les poils des paupières, ni vers les paupières, ni vers les joues, ni vers l’intérieur des yeux mêmes. Dans le premier cas, l’utilité en vue de laquelle ils ont été créés n’existait plus ; dans le second, ils gênaient les yeux en empêchant que les objets ne soient vus en totalité. Eh quoi ! ne faut-il pas admirer aussi l’intervalle si exactement mesuré qui les sépare ; s’ils eussent été plus écartés, bien des objets seraient tombés dans les yeux dont ils les garantissent actuellement. S’ils se fussent touchés mutuellement, ils auraient offusqué les yeux ; or, ils ne devaient ni offusquer les yeux, ni perdre l’utilité en vue de laquelle ils avaient été créés.


Chapitre viii. — Le mouvement est la première condition de l’étendue de la vision. — Moyens que la nature a employés pour procurer ce mouvement à l’animal d’abord en créant le cou, en second lieu, en donnant des muscles nombreux à l’œil. — Énumération, origine, structure et utilité des muscles des yeux et en particulier du muscle choanoïde ou suspenseur.


Après avoir parlé des paupières et terminé la description de l’œil entier, il convient de dire d’où il tire le mouvement. En effet, le laisser complétement oisif et immobile serait le fait d’un créateur ignorant les causes de la vision ou peu soucieux d’obtenir le mieux en chaque chose. Mais ni l’ignorance, ni la négli-