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DES YEUX ET DE LEURS ANNEXES.

l’endroit de l’iris (voy. p. 614, note 1), et il aurait couru risque dans le cas d’un mouvement brusque et violent et d’un coup reçu dans l’œil, comme cela arrive, d’être séparé du corps vitré. En effet, les objets insérés et appliqués sur un corps exactement sphérique sont plus mobiles que sur une surface plus plane, comme étant portés sur une surface convexe et par cela même glissante. C’est la cause même de la forme du cristallin.

Jusqu’ici nous voyons toutes les parties de l’œil efficacement protégées, à l’exception de la cornée même qui les recouvre. Celle-ci seule, en effet, est placée devant elles, seule exposée à tous les accidents, recevant la fumée, la poussière, le froid, le chaud, tous les corps qui compriment et qui coupent (voy. p. 612, n. 1) ; cependant elle est engendrée elle-même par la membrane épaisse (sclérotique). Instruit de cela et de la haute importance de la cornée, notre Créateur, s’il a dû la disposer devant les autres, n’ayant rien de plus convenable, du moins il l’a défendue de toutes parts au moyen des paupières, des cils, des os environnants et de la peau. Il a établi en avant d’abord les cils comme un retranchement contre les petits corps, pour qu’ils ne s’introduisent pas aisément dans les yeux ouverts, étant arrêtés par ces poils ; puis les paupières qui se rejoignent et ferment l’œil, si quelque corps plus gros arrive sur lui. Contre le choc de masses plus considérables encore, il a disposé à la partie supérieure l’arc sourcilier [du frontal], à la partie inférieure l’os malaire, au grand angle de l’œille nez, au petit la saillie de l’os malaire (arcade zygomat.). Placé au centre de tous ces remparts qui reçoivent d’abord les chocs des corps plus considérables, l’œil même n’éprouve aucun mal, le mouvement de la peau ne servant pas peu à le défendre aussi des lésions. En effet, cette peau contractée de toutes parts, comprime l’œil intérieurement, l’amenant à occuper le moindre espace possible. Capable en cet endroit de se rider comme les paupières, si quelque objet franchissant la convexité des os se porte à l’intérieur des yeux, la peau en reçoit le premier choc, c’est elle qui d’abord est lésée, qui court le premier danger et qui est compromise avant l’œil. Puis, après la peau, les paupières sont écrasées, coupées, déchirées, lésées de toutes façons, étant disposées comme des boucliers en avant de la cornée.

De quelle matière était-il convenable de créer ces boucliers ?