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DES YEUX ET DE LEURS ANNEXES.

La nature ne devait donc pas dissiper dans les yeux mêmes la lueur du cristallin. Mais pour que cette lueur, et avec elle celle de l’humeur vitrée se conservât soigneusement, elle a été concentrée et pressée de toutes parts au moyen de la tunique choroïde engendrée par la membrane mince (pie-mère), et à laquelle la nature a donné une couleur noire en beaucoup de places, foncée et bleuâtre en beaucoup d’autres. De l’iris elle a donc prolongé en même temps que la cornée cette tunique[1] qui remplit les trois fonctions utiles dont nous parlions, nourrissant la cornée qu’elle touche, l’empêchant d’effleurer le cristallin et de lui nuire, servant enfin à reposer la vue fatiguée. Involontairement aussi, quand nous souffrons de l’éclat de la lumière, nous fermons tous à l’instant les paupières, recourant en hâte au soulagement naturel. J’admire encore la couleur dont cette tunique est enduite. En effet, cette couleur ne se trouve dans aucune autre partie du corps que dans celle-là seule, et aucune autre ne paraît en avoir besoin que celle-là ; on reconnaît clairement, et c’est ce qui a été démontré dans tout le discours, que la nature n’a rien créé en moins ni en trop.


Chapitre iv. — De la pupille ; de ses rapports avec le cristallin ; de son utilité. — De l’humeur aqueuse. — Galien ne semble pas s’être rendu un compte exact des chambres antérieure et postérieure.


Les inégalités (couche vasculaire) qui existent intérieurement sur la tunique (rétine), où doit être enfermé le corps vitré, je ne les admire pas moins que la couleur bleue de l’iris. Humides elles-mêmes, molles, comme spongieuses, appliquées contre le cristallin, ces inégalités rendent exempt de gêne le voisinage de toute la tunique. J’admire encore plus la densité de sa partie externe qui est en contact avec la dure tunique cornée. Car non-seulement le

  1. On a vu plus haut (voy. p. 614, note 1) ce que Galien appelle iris ; ici il mentionne ce que les anatomistes modernes désignent sous le nom d’iris, espèce de diaphragme vasculaire dépendant de la choroïde et dans lequel on distingue une face antérieure nommée iris proprement dit, et une face postérieure tapissée par le pigmentum choroïdien et connue sous le nom d’uvée ; or c’est précisément le nom que Galien donne à tout le diaphragme iridien. Voy. chap. iv, init., p. 620.