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DES YEUX ET DE LEURS ANNEXES.

dre que sous un tel abri, il ne restât caché, plongé dans les ténèbres, et absolument insensible. Si donc la structure garantissant la perfection de la sensation laissait le cristallin exposé aux lésions, et si la structure qui le mettait à couvert des lésions en détruisait la perfection, cette structure des organes de la vision offrait des difficultés insolubles. Mais la nature ne pouvait, à cet égard, se trouver dans l’embarras comme nous y aurions été ; elle devait d’abord imaginer et prendre la meilleure décision, puis l’exécuter avec un art suprême.

Si une membrane épaisse et dure devait, en effet, gêner les yeux dans leur action même, et si, mince et molle, elle était complétement exposée aux lésions, la nature a prévu que, dure et très-mince, et, de plus, blanche, elle serait mieux appropriée au but. Attentive à sa création, elle devait absolument l’engendrer de l’un des sept cercles de l’iris. Or, les quatre cercles (tuniques) mous (voy. chap. ii fine, et la note de la page 614) ne pouvaient donner naissance à une tunique dure. Des trois autres cercles extérieurs (ibid.), le dernier de tous, le cercle du périoste, bien qu’étant beaucoup plus dur que les quatre cercles intérieurs, ne présentait pas l’utilité d’une enveloppe. Le second, provenant des muscles, avait besoin lui-même d’une autre protection. Restait donc la tunique dure (la sclérotique) provenant de la méninge (dure-mère), tunique qui embrasse la choroïde et qui est capable d’engendrer l’enveloppe.

Examinez ici la prévoyance et en même temps l’habileté de la nature. La dure-mère étant suffisamment épaisse, mais moins dense que l’utilité ne le réclamait, elle a commencé par en tirer la sclérotique à la fois plus mince et plus dense, et puis la prolongeant peu à peu, elle a fait sa partie centrale très-mince et dense. Vous trouverez qu’elle ressemble étonnamment à des lames de corne mince. Aussi les habiles anatomistes trouvant convenable une dénomination empruntée à cette ressemblance avec la matière cornée, l’ont ainsi désignée (membrane cornée, ou portion antér. de la sclérotique), et ce nom jusqu’ici lui est toujours resté. Cette tunique cornée étant mince, dure et dense, devait nécessairement aussi être brillante, pour être très-apte, comme les lames de corne polies avec soin, à transmettre la lumière.

En nous supposant capables d’imaginer ces œuvres comme les