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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, X, ii.

Si vous parvenez à les séparer habilement et que vous les examiniez sans les mêler, vous verrez ces sept cercles placés les uns sur les autres, différents d’épaisseur et de couleur, en sorte que, même malgré vous, vous ne pouvez donner à ce lieu d’autre nom que celui d’iris[1].


Chapitre iii. — Des moyens que la nature a imaginés pour protéger le cristallin. — Origine et structure de la cornée transparente. — Comment le Créateur a pourvu aux inconvénients qui peuvent résulter de l’interposition de la cornée entre le cristallin et la lumière. — Que la cornée a surtout pour but de prévenir une impression trop vive de la lumière sur les yeux.


Ces œuvres ne témoignent pas seules de la sagesse du Créateur : celles dont nous allons parler sont bien plus importantes encore. Nous avons déjà conduit jusqu’à la circonférence du cristallin les sept cercles superposés et insérés les uns aux autres. Vous admirerez beaucoup ce qui vient ensuite, si avant d’entendre nos explications, vous tâchez par vous seul de saisir l’art qui s’y décèle. Qu’y avait-il donc de mieux à faire pour que le cristallin reçoive exactement les impressions qui lui sont propres, pour qu’il soit efficacement protégé, et ne soit aucunement lésé par les corps extérieurs ? Fallait-il le laisser complétement nu et découvert ? Dans cet état il n’eût pas subsisté un seul moment, il aurait péri à l’instant et aurait été détruit entièrement, ne pouvant résister à aucun des corps extérieurs qui l’auraient touché à cause de sa mollesse naturelle. Fallait-il établir devant lui quelque rempart épais capable de l’abriter efficacement ? Mais on devait crain-

  1. Galien appelle iris ou couronne le cercle au niveau duquel se réunissent toutes les tuniques de l’œil (Meth. med., XIV, xix ; Introd. seu med., cap. x), tandis que pour nous l’iris est la portion antérieure des membranes vasculaires, qui, s’insinuant entre le cristallin et la cornée, au milieu de l’humeur aqueuse, divise la chambre de l’œil en deux compartiments (chambre antérieure et chambre postérieure). — Quant au mot cercle (κύκλος) on ne doit pas le prendre dans un sens trop rigoureux ; on peut l’entendre des membranes elles-mêmes aussi bien que de leur terminaison ou point d’intersection à la partie antérieure du globe de l’œil. — Les sept cercles de l’iris sont donc de dedans en dehors la rétine, la choroïde, le cristallin, l’humeur vitrée (cercles mous), la sclérotique, l’épanouissement du tendon des muscles de l’œil, et la conjonctive (cercles durs). — Voy. p. 612, note 1.