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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, X, iii.

plus, elle est véritablement une tunique, une enveloppe, un rempart pour les corps placés au dedans d’elle. Le principe de cette tunique est la pie-mère qui embrasse l’encéphale et qui, disions-nous un peu plus haut (p. 609, voy. aussi IX, viii), se détache avec tous les nerfs amenant avec elle une artère et une veine. Il faut ici encore admirer la sagesse du Créateur : tandis qu’en aucune autre région il ne sépare d’aucun nerf les membranes qui lui sont unies (névrilème), et qu’au contraire pour les nourrir et les protéger de tous côtés, il les conduit avec lui, ici seulement aussitôt que le nerf s’est inséré dans l’œil, le Créateur écarte et sépare du nerf les deux membranes (choroïde et sclérotique) et les rend épaisses et dures autant et plus même que la dure-mère qui enveloppe le cerveau même.

Il faut ici observer avec attention quelles ressemblances et quelles différences la nature attentive a établies entre la rétine et l’encéphale. Il est évident déjà que les autres prolongements nerveux se comportent d’une manière tout opposée, puisque, dans aucun d’eux la nature ne sépare jamais l’une de l’autre les membranes, tandis que dans les yeux elle les écarte l’une de l’autre et du prolongement supérieur (nerf optique). D’un autre côté, la portion de ce prolongement, située dans l’œil, est conforme à l’encéphale même, en ce qu’elle possède des artères et des veines qui l’enlacent tout entière, et en ce que la dure-mère, toujours en contact avec les os et s’y rattachant, s’éloigne beaucoup de cette portion du prolongement ; mais elle n’y ressemble plus en ce que

    la texture vasculeuse de la choroïde, mais il a cru à tort que cette membrane était en communauté directe de vaisseaux avec la rétine. Le système vasculaire de ces deux membranes, bien qu’il provienne pour la plus grande partie de l’artère ophthalmique ou qu’il retourne au même point, la veine ophthalmique, est assez indépendant dans l’une et dans l’autre pour qu’on ne puisse pas dire dans le sens ancien que la rétine est nourrie par la choroïde. Galien trompé par les apparences les plus grossières que présente, soit la membrane vasculaire interne, soit même le tissu cellulo-pigmentaire, aura cru qu’il y avait une communication vasculaire directe entre la choroïde et la rétine, et il a fait de ces prétendues communications un moyen de sustentation et une voie pour l’alimentation. On conçoit du reste que la disposition pavimenteuse de la couche pigmentaire lui ait donné l’idée de ces cloisons minces semblables à des toiles d’araignée qui unissent, suivant lui, la choroïde à la rétine.