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DU CRÂNE, DE L’ENCÉPHALE ET DES NERFS CRÂNIENS.

muscles, non d’un seul grand nerf, mais de trois petits, et pourquoi cette force résulte-t-elle d’un seul grand nerf dans les muscles des yeux ? C’est que dans les régions des yeux (orbites) il était contraire à la raison de faire plusieurs trous au lieu d’un. En effet, il a été démontré précédemment (chap. viii, p. 586) qu’il n’était pas prudent de disposer un autre trou pour les nerfs qui aboutissent à la mâchoire supérieure, qu’il valait mieux employer celui qui sert aux muscles. Pour les os des tempes, beaucoup plus forts que ceux des yeux, mais dépourvus de trous, je ne dis pas nombreux et rapprochés comme dans les orbites, mais de trous petits et rares, il était mieux que la nature, pratiquant de petites ouvertures, détachât des branches du nerf de la troisième paire (trifacial, 5e des mod.), puisque le trou de l’os pétreux ne pouvait être large. Évidemment en effet, ses nombreux replis auraient disparu si l’os avait été envahi d’abord par les cavités des trous. Si donc un nerf dur ne pouvait être épais, et s’il ne pouvait se détacher une plus grande quantité de branches de prolongements simples qui devaient eux-mêmes se distribuer dans un grand nombre d’autres parties, évidemment aussi la nature a eu raison de ne pas se borner à une seule espèce de nerfs. De plus, l’existence de plusieurs principes de mouvement était la seule condition qui permît que si l’un d’eux venait à être lésé, les autres du moins remplissent sa fonction.


Chapitre xiv. — Digression sur ce qu’on doit entendre par nerfs durs et par nerfs mous. — Conditions générales qui donnent aux nerfs un degré plus ou moins grand de dureté et de mollesse. — Exemples tirés des diverses paires de nerfs. — Cf. VIII, vi.


Interrompons ici un moment le fil du discours, et disons quelques mots sur les qualifications que nous avons employées et que nous emploierons dans la suite de l’ouvrage. Imaginez deux nerfs, le plus dur et le plus mou de tous ceux du corps, puis imaginez-en un troisième tenant le milieu entre ceux-ci, à une distance exactement égale des deux extrêmes. On peut qualifier de durs tous les nerfs situés entre le nerf du milieu et le plus dur, et de mous tous les autres qu’on trouve jusqu’au plus mou ; on doit croire que les nerfs durs ont été disposés comme les meilleurs pour les mouvements et les moins propres pour les sensations ; qu’au con-